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28 janvier 2022
Temps de lecture : 3 minutes

Les antiviraux contre la COVID-19

Image: Shutterstock

Aux côtés du vaccin, les médicaments antiviraux représentent une arme très attendue pour affronter le SRAS-CoV-2 une fois l’infection présente, en particulier chez les personnes à risque. Où en sommes-nous?

Depuis le début de la pandémie, d’innombrables essais cliniques ont évalué l’efficacité de médicaments antiviraux qui, contrairement au vaccin contre la COVID-19 qui stimule le système immunitaire, s’attaquent directement au virus une fois qu’il est dans l’organisme. Récemment, deux d’entre eux ont fait la preuve d’une certaine efficacité : le molnupiravir (produit par Merck, en attente d’approbation par Santé Canada) et le Paxlovid (de Pfizer), approuvé en janvier 2022.

« Les deux antiviraux agissent directement sur le virus et bloquent sa réplication », explique Alain Lamarre, professeur et chercheur en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). Ils peuvent être administrés avec des anti-inflammatoires pour contrer la tempête de cytokines du système immunitaire. « Si les antiviraux sont pris tôt, ils bloquent l’infection et amoindrissent les conséquences en termes de maladie, de symptômes, d’hospitalisation et de décès, donc c’est vraiment un avantage », ajoute-t-il. Les études cliniques ont démontré un taux d’efficacité de l’ordre de 89% pour le Paxlovid et de 30% pour le molnupiravir pour prévenir les hospitalisations et les décès.

Ces derniers ont deux mécanismes d’action différents. Par exemple, le médicament fabriqué par Merck, dont l’ingrédient actif est le molnupiravir, empêche le virus de répliquer son génome correctement. Le Paxlovid, quant à lui, inhibe une enzyme qui sert à créer de nouvelles particules virales.

Efficaces si administré tôt

Comme le précise la Dre Emily McDonald, chercheuse et professeure à l’Institut de recherche du Centre universitaire de santé McGill (IR-CUSM), les études sur l’efficacité de ces antiviraux ont été réalisées sur des patients qui étaient à un stade précoce de la maladie et qui présentaient donc peu de symptômes. « Le Paxlovid est plus efficace s’il est administré idéalement dans les cinq jours [suivant la détection de la maladie]. Nous n’avons pas d’études où l’on administre le médicament à des gens qui sont déjà très malades. Le Paxlovid est censé être utilisé pour prévenir les complications », souligne-t-elle.

Alain Lamarre précise quant à lui que les antiviraux ont souvent peu d’effets à un stade avancé de la maladie. Il rappelle que les patients ayant reçu le traitement antiviral présentaient certains facteurs de risque de développer une maladie grave. Les personnes ciblées en priorité pour ce traitement sont âgées de 60 ans et plus, ont des comorbidités ou ont un système immunitaire diminué (cancer, greffe…).

Une personne infectée doit aussi pouvoir se faire dépister et avoir accès à un médecin de famille pour commencer le traitement le plus tôt possible. « Le Paxlovid a beaucoup d’interactions avec d’autres médicaments. Il faut donc s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indications », indique Dre McDonald.

Ses collègues et elle ont récemment publié une étude dans Open Forum Infectious Diseases dans laquelle ils ont examiné l’efficacité et le coût de certains médicaments (antiviraux, corticostéroïdes, anticorps monoclonaux) pour le traitement de la COVID-19 en comparant plusieurs essais randomisés contrôlés. Ils constatent que le médicament le plus efficace est le Paxlovid avec une hospitalisation évitée pour 24 patients traités. Le moins efficace s’est révélé être la colchicine « avec une hospitalisation évitée pour 87 patients traités. » Autrement dit, il faut traiter un plus grand nombre de personnes avec la colchicine pour éviter une seule hospitalisation qu’en administrant le Paxlovid.

Les chercheurs de l’IR-CUSM se sont aussi attardés à l’aspect économique des différents traitements. « Nous avons voulu démontrer que certains médicaments moins coûteux, comme la fluvoxamine, fonctionnent et que des pays moins aisés ont accès à cette possibilité de traitement », mentionne Emily McDonald.

Efficaces contre les prochains variants

Les antiviraux seront-ils efficaces contre les futurs variants? Les études cliniques n’ont pas été réalisées sur Omicron, mais Alain Lamarre est confiant. « Les antiviraux ciblent des protéines qui sont à l’intérieur du virus et sont très stables d’un variant à l’autre. Il n’y a pas beaucoup de mutations dans ces protéines-là. »

La loto des antiviraux

Alain Lamarre et Steven Laplante de l’INRS travaillent en ce moment à développer d’autres médicaments contre la COVID-19. « On teste des combinaisons de médicaments déjà approuvés chez l’humain, mais qui ne sont pas encore utilisées », mentionne Alain Lamarre. Avec son collègue, ils ont ainsi déniché une centaine de combinaisons possibles qu’ils ont examinées en culture cellulaire avec différentes concentrations. Sur le lot, ils ont obtenu moins d’une dizaine de duos de médicaments prometteurs. « Il reste à les tester sur des modèles animaux. Idéalement, on voudrait avoir deux médicaments qui ciblent deux voies différentes du virus pour maximiser leur effet et minimiser le potentiel de résistance du virus », souligne le chercheur.

Deux médicaments antiviraux sont approuvés par Santé Canada : le Veklury (remdésivir) et le Paxlovid (nirmatrelvir et ritonavir). Un autre médicament antiviral, le Lagevrio (molnupiravir) est en attente d’approbation.

Notons que trois traitements avec anticorps monoclonaux sont également approuvés (bamlanivimab, casirivimab/imdevimab et sotrovimab). Ils sont cependant coûteux et moins accessibles, car ils doivent être administrés par intraveineuse.

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