La honte est une émotion universelle et puissante qui peut envahir l’esprit. Apprenons à la connaître pour la désamorcer. Ou pour l’utiliser?
Je devais avoir sept ou huit ans. L’aire des casiers de mon école était pleine d’élèves surexcités. Je sortais des toilettes quand une enseignante m’a fait remarquer qu’un long morceau de papier hygiénique traînait derrière moi, coincé à la taille de mon collant. « Comment est-ce possible ? Je ne suis même pas allée aux toilettes ! » ai-je clamé dans un mensonge évident ayant pour but tout aussi évident de sauver mon honneur. Je me souviens surtout de mon envie de disparaître sous le carrelage du plancher.
Ce sentiment vous dit quelque chose ? La honte est une émotion universelle (sauf peut-être chez les psychopathes, dont je ne fais visiblement pas partie !). Si elle est souvent utile et saine − il faut bien apprendre à gérer son papier hygiénique −, elle a aussi un pendant nocif, qui accable les victimes d’actes malveillants ou les personnes qui sont la cible de préjugés. Le mouvement #MeToo, l’initiative du teeshirt orange des survivants des pensionnats autochtones, le mouvement pour l’acceptation du corps et les revendications de différents groupes minoritaires l’illustrent bien ; ils ont tous pour visée un affranchissement de la honte et proposent même de la faire changer de camp.