Un matériau rare, la trinitite, a été découvert à l’endroit où la première bombe atomique a explosé. Il possède une organisation moléculaire qu’on pensait… quasi impossible !
Quand tu penses aux cristaux, tu imagines sans doute des pierres précieuses de mille couleurs. Mais les cristaux, c’est aussi le sel que tu mets dans ta bouffe ou les flocons de neige. Leur point commun ? Une organisation très régulière des molécules qui forment un motif qui se répète un très grand nombre de fois, à l’image d’un plancher composé d’une multitude de carreaux, tous de la même forme.
Mais il existe aussi des quasi-cristaux. Ce sont des matériaux composés d’éléments organisés et symétriques, mais dont la répétition n’est pas régulière. Pour reprendre l’image du carrelage, c’est comme si on avait des carreaux de différentes formes – des carrés, des triangles, des losanges. Et que ces carreaux s’agençaient pour former des motifs complexes structurés.
Tous les quasi-cristaux connus sont artificiels, c’est-à-dire qu’ils ont été créés par l’humain. Il y a une exception : l’écrasement de la météorite Khatyrka, en Sibérie, a permis la création de quasi-cristaux naturels. À la suite de leur découverte, une équipe de géologues, de physiciens et de minéralogistes a alors essayé de les reproduire en laboratoire. En simulant des conditions de choc extrême, ils ont réussi à en créer de nouveaux ! Les chercheurs ont alors réfléchi à d’autres phénomènes qui pouvaient réunir des conditions similaires de choc à haute pression : les explosions atomiques !
Ainsi, une expédition composée d’États-Uniens et d’Italiens a été lancée pour fouiller le site du premier essai nucléaire au milieu du désert du Nouveau-Mexique (États-Unis) afin de trouver des quasi-cristaux. Et ils en ont trouvé un ! En 1945, l’explosion de la bombe a formé une pierre rouge baptisée trinitite, du nom de l’essai (Trinity). Ce quasi-cristal est un mélange de la fusion du sable et d’autres composés comme les fils de cuivre présents dans les appareils d’enregistrement installés sur place. Il aura fallu presque 80 ans pour trouver cette pierre et observer sa structure. Les scientifiques qui l’ont analysée ne peuvent pas encore entièrement l’expliquer.
Ces recherches suggèrent d’ailleurs que d’autres quasi-cristaux pourraient se cacher sur la planète, qu’ils soient naturels ou issus des activités humaines. Les trouver et les étudier permettrait de mieux les comprendre et de percer un peu plus leur mystère.