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Une partie de la population reçoit de nouveau une injection contre la COVID-19. Faudra-t-il y revenir ainsi constamment?
D’après les données les plus récentes de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), datées du 3 avril, le variant BA.2 est responsable de 83,9% des nouvelles infections. Ce variant, qui a été détecté pour la première fois en Afrique du Sud, est en ce moment la souche virale dominante dans les échantillons prélevés au Québec.
Étant donné la très grande transmissibilité de ce variant parmi la population, le Comité sur l’immunisation du Québec recommande désormais aux personnes les plus vulnérables aux complications liées à la COVID-19 de recevoir leur quatrième dose de vaccin contre la COVID-19. Cette mesure vise donc les personnes de 80 ans et plus qui habitent dans les centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) et des milieux collectifs comme les résidences pour personnes âgées (RPA). On incite également les personnes immunosupprimées à se faire vacciner de nouveau. Pour ces dernières, il peut s’agir d’une cinquième dose.
Le gouvernement du Québec suit d’autres provinces (comme l’Ontario, pour les 60 ans et plus) et les États-Unis (pour les 50 ans et plus) qui ont étendu leur régime vaccinal.
Cette décision d’ajouter une dose est en partie basée sur un article publié dans The New England Journal of Medicine au début du mois d’avril. Dans cet article, des chercheurs israéliens ont examiné les données de plus de 1,2 million de personnes de 60 ans et plus ayant reçu une quatrième dose du vaccin alors qu’Omicron était le variant prédominant. Ils ont observé que les taux d’infection et les risques de complications graves étaient plus faibles chez ceux qui avaient une protection de quatre doses plutôt que trois. Cependant, cette protection semble s’estomper au bout de huit semaines.
« En se basant sur le fardeau de la maladie, on a remarqué qu’il y a un risque d’être moins protégé contre le virus chez les personnes de 85 ans et plus, qui ont déjà reçu deux ou trois doses du vaccin et qui sont susceptibles d’avoir plusieurs maladies chroniques », mentionne la médecin Chantal Sauvageau, qui fait partie du Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) de l’INSPQ.
Bien que les données de l’étude israélienne indiquent que la quatrième dose est efficace seulement pendant un certain temps, le CIQ la recommande tout de même pour cette tranche d’âge. « Il faut vraiment qu’il y ait un gain potentiel lorsqu’on décide d’ajouter une dose. En effet, dans ce cas-ci, on le démontre pour ces personnes très vulnérables. Pour le reste de la population, le gain est cependant moins clair », souligne la Dre Sauvageau.
Si la campagne vise en priorité les personnes vulnérables face au virus, il n’est pas écarté que les autres tranches de la population soient aussi vaccinées plus tard dans l’année. « Je n’ai pas de boule de cristal quant à l’avenir. Mais il est possible que l’on offre une dose supplémentaire avant la venue d’une prochaine vague, soit à l’automne », pense la Dre Sauvageau. Si on se fie aux deux dernières années de pandémie, le virus cause beaucoup moins de vagues d’infection pendant les saisons chaudes.
Efficacité du vaccin contre les variants
Malgré l’émergence de nouveaux variants, le vaccin contre la COVID-19 reste efficace. Dans une étude à paraître dans Clinical and Translational Report (en prépublication pour l’instant), des chercheurs canadiens ont examiné si les anticorps d’un petit groupe de 65 personnes étaient en mesure de neutraliser différentes souches du SRAS-CoV-2 : Bêta, Delta et Omicron. Ils ont comparé les anticorps des personnes ayant eu l’infection avec ceux des individus ayant eu deux ou trois doses de vaccin, mais pas la maladie.

Image tirée de l’étude du Clinical and Translational Report
Chez les personnes sans protection vaccinale, les anticorps engendrés par une infection de la souche originale du virus sont insuffisants pour contrer une seconde infection par les variants Bêta et Omicron. Quant aux personnes triplement vaccinées, les anticorps réussissent à neutraliser la souche originale et les variants Delta et Bêta et dans une moindre mesure, le variant Omicron.
Cependant, les anticorps ne racontent pas toute l’histoire, rappelle la Dre Chantal Sauvageau, de l’INSPQ. Une baisse d’anticorps peut indiquer une protection réduite contre le virus, mais d’autres volets du système immunitaire qui ne sont pas nécessairement mesurables peuvent être mis à contribution pour combattre le virus. « C’est ce qui se produit avec la vaccination contre le VPH ou l’hépatite B où l’on remarque une quantité réduite d’anticorps, voire à peine détectable. Cependant, on reste protégé contre ces infections. », explique-t-elle.
Aura-t-on un vaccin de rappel à chaque vague d’un nouveau variant?
Une cinquième, sixième, dixième dose? C’est à voir, quand la question de l’immunité sera mieux comprise. Des compagnies pharmaceutiques comme Moderna développent en ce moment un vaccin bivalent pour contrer à la fois la souche originale et le variant Bêta, plus proche des variants actuels.
Chose certaine, des scientifiques d’ici et d’ailleurs se penchent sur des vaccins qui cibleraient un élément commun à tous les variants. « Mais présentement, on ne les a pas ces outils-là, indique la médecin Chantal Sauvageau. On a encore des vaccins développés pour contrer la souche originale. » Ces derniers font néanmoins un bon travail pour réduire les complications associées à une infection par Omicron et BA.2.
Une douzaine d’équipes scientifiques travaillent en ce moment à réaliser un coup de maître en développant un vaccin qui combattrait tous les futurs coronavirus. Les chercheurs ciblent en particulier les bêta-coronavirus, qui comprennent le SRAS-CoV-2 ainsi que d’autres coronavirus comme le SRAS (épidémie de 2003) et le MERS-CoV, découvert en 2012 au Moyen-Orient. La recherche scientifique n’a donc pas fini de se pencher sur les coronavirus dans les prochaines années.