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11 mai 2022
Temps de lecture : 2 minutes

De nouvelles données sur le virus de la grippe de 1918

Des patients dans un hôpital d’urgence au Kansas pendant la pandémie de grippe. La maladie a frappé les États-Unis pendant la guerre. Image: Otis Historical Archives, National Museum of Health and Medicine/Wikimedia Commons

On connaît davantage la génétique du virus de la grippe 1918 grâce à des échantillons de poumons infectés datant de cette époque, qui ont été conservés dans des musées.

Voilà que de rares spécimens viennent améliorer l’état des connaissances scientifiques sur le virus A (H1N1) ayant causé la pandémie de grippe de 1918, qui a fait entre 50 et 100 millions de victimes. Le chercheur Sébastien Calvignac-Spencer, de l’Institut Robert-Koch en Allemagne, visitait le sous-sol du Musée d’histoire médicale de la Charité, à Berlin, lorsqu’il a découvert avec ses collègues de vieux spécimens de poumons maintenus dans le formol.

Les spécimens étaient localisés dans le sous-sol du Musée d’histoire de la médecine de Berlin, à la Charité. Image: Navena Widulin, Berlin

« Nous avons eu un coup de chance en tombant sur ces échantillons! Même les conservateurs du musée ignoraient qu’ils les avaient en main », s’exclame le chercheur. S’intéressant aux virus respiratoires en général, le biologiste s’est demandé si les poumons en question avaient pu être infectés par le virus de la grippe de 1918.

« Il était clair que cela allait devenir un projet important pour nous, à condition d’arriver à détecter le génome du virus », indique le chercheur de l’Institut Robert-Koch. Sentant qu’il tenait une bonne piste, il a ensuite contacté une soixantaine de musées en quête d’échantillons semblables. Seul un autre musée, en Autriche, en possédait aussi.

En tout, son équipe a ainsi rassemblé 13 spécimens pulmonaires datant de 1900 à 1931. De ce lot, six avaient été prélevés pendant la période pandémique, en 1918 et 1919. L’équipe de chercheurs a réussi à en extraire deux génomes partiels et un génome complet du virus de la grippe, de type A (H1N1). Ces résultats viennent tout juste d’être publiés dans Nature Communications et représentent une contribution majeure aux connaissances sur le sujet. Avant cela, seuls deux autres génomes complets du virus avaient pu être séquencés grâce à des personnes décédées de la grippe et enterrées dans le pergélisol en Alaska – et 15 génomes partiels.

Les chercheurs soulignent que même si leurs travaux sont réalisés à partir d’un très petit ensemble de prélèvements, leur étude confirme que le virus de la grippe de 1918 a subi des variations génétiques au cours de la dévastatrice pandémie pour s’adapter à l’humain. Des changements dans une protéine clé, la nucléoprotéine, auraient rendu le virus plus efficace pour échapper au système immunitaire au fil de la pandémie.

En utilisant des outils de modélisation et leurs nouvelles données, les chercheurs ont constaté que certains virus qui causent les grippes saisonnières pourraient être des descendants directs du virus de 1918, car il existe des similitudes entre certaines de leurs séquences génétiques et celles du virus de 1918. Cela reste toutefois à confirmer avec davantage de données.

Les connaissances sur le virus de la grippe de 1918 pourraient-elles aider à produire un vaccin contre de prochains virus? « Il y a un certain intérêt à obtenir des données sur les pandémies grippales du passé pour se préparer contre les futures pandémies et pour concevoir un vaccin. Ces virus anciens, même s’ils divergent des virus actuels, peuvent être des références pour de potentiels vaccins génériques », explique Sébastien Calvignac-Spencer.

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