Image: Pixabay
Dans de très rares cas, les tests antigéniques rapides pour détecter la COVID-19 donnent un résultat positif…alors qu’il n’y a pas de virus! Comment cela survient-il?
Dans la majorité des cas, les tests de diagnostic rapide réalisés à la maison sont efficaces pour détecter les particules virales du SRAS-CoV-2.
Une revue de littérature publiée dans Cochrane en juillet 2022 a évalué la fiabilité de ces tests antigéniques en examinant 152 études et 49 tests commerciaux différents.
Selon les experts, les tests antigéniques rapides démontrent une meilleure précision chez les personnes symptomatiques, en particulier lorsque le test est effectué pendant la première semaine où les symptômes apparaissent. « Les tests détectent mieux la protéine [la nucléocapside du virus] dans l’échantillon dans les 5 à 7 premiers jours après le début des symptômes, période à laquelle la protéine est présente en plus grande quantité », indique Jac Dinnes, responsable de l’étude Cochrane et chercheuse principale pour le Test Evaluation Research Group de l’Université de Birmingham.
L’efficacité des tests est aussi corrélée à la charge virale : plus il y a de virus présents dans le nez, plus les chances que l’écouvillon en prélève et que le test les détecte sont élevées. L’Organisation mondiale de la santé a d’ailleurs fixé des seuils de performance : sensibilité d’au moins 80% et spécificité d’au moins 97%.
Dans certains cas, les tests antigéniques peuvent toutefois donner des résultats faussement positifs : le résultat est positif alors qu’il n’y a aucune infection virale. Selon Jac Dinnes, « en moyenne, nous voyons des taux de faux positifs de seulement 2 à 3%. »
Du côté de Becton, Dickinson and Company (BD), une entreprise américaine qui vend entre autres un test de détection rapide pour le SRAS-CoV-2, la spécificité de ce test est de 98 à 100% selon Ozgur Uzun, responsable des communications chez BD. « Le taux de faux positifs est inférieur à 2 % sur tous les tests effectués. Cela signifie que lorsqu’il est utilisé conformément aux instructions, le test peut produire de 0 à 2 faux positifs pour 100 tests effectués », indique-t-il par courriel.
Parmi les scénarios provoquant un faux positif, on note la mauvaise manipulation des tests, la défectuosité de certains lots ou encore la lecture du test avant ou après le délai recommandé par le fabricant.
Une étude a même révélé qu’en versant directement sur le test certaines boissons alcoolisées, énergisantes, certains sodas et même de l’eau minérale, on peut avoir l’impression qu’une ligne rouge apparaît. « L’explication probable de cette interférence pourrait être le pH de ces boissons, qui modulerait la fonction des anticorps enchâssés dans la ligne de test (voir encadré ci-dessous). Un pH optimal, stabilisé par la solution fournie, est indispensable pour une véritable positivité. Des méthodes trompeuses peuvent […] entraîner des résultats faussement positifs ; toutefois, cela ne prouve pas que ces tests ne sont pas fiables lorsqu’ils sont réalisés correctement », peut-on lire dans l’article.
En fait, les résultats faussement négatifs sont plus fréquents que les faux positifs puisque les tests sont très spécifiques, c’est-à-dire qu’ils détectent uniquement des molécules propres au SRAS-CoV-2. Si le virus est présent en trop faible quantité ou que le prélèvement est mal effectué, il est possible que le test « passe à côté ».
Même si les tests actuels affichent une bonne performance, certaines compagnies planifient ou ont déjà mis en marché une nouvelle génération de tests de diagnostic rapide. Par exemple, Becton, Dickinson and Company planche sur un test qui serait en mesure de distinguer entre la COVID-19 et deux types de grippe saisonnière (provoqué par le virus de type A ou le virus de type B).
Pour l’instant, Jac Dinnes mentionne qu’il n’y a pas suffisamment d’études publiées à ce sujet pour connaître la performance de ces nouveaux tests.
Les tests détecteront-ils les nouveaux variants?
Jusqu’à présent, les différentes mutations dans le génome viral affectent en grande partie la protéine spike. Les tests de détection rapide se servent de la présence de la nucléocapside du SRAS-CoV-2 pour repérer le virus. L’arrivée continuelle de nouveaux variants ne devrait probablement pas affecter la fiabilité des tests de détection, à moins de mutations dans la nucléocapside virale. Jac Dinnes voudrait d’ailleurs se pencher sur ce point lors d’une prochaine revue de littérature. BD reste aussi à l’affût en conduisant des analyses sur les tests avec des virus vivants. « Nous n’avons pas constaté que nos tests antigéniques pour la COVID-19 étaient moins sensibles à la détection d’un variant du virus », signale Ozgur Uzun, porte-parole de l’entreprise.
De son côté, la chercheuse britannique mentionne qu’il serait également intéressant de vérifier si le statut vaccinal d’une personne est susceptible d’influencer le résultat du test. « En effet, une grande partie des études examinées par notre revue de littérature a recruté des patients avant que la vaccination ne devienne si répandue dans les pays développés », conclut-elle.
Comment fonctionne un test antigénique?
Les tests antigéniques détectent l’une des protéines du virus SARS-CoV-2 (la nucléocapside) à partir d’un prélèvement nasopharyngé ou nasal. On plonge l’écouvillon dans une solution qui endommage le virus, s’il est présent, pour libérer les différentes protéines. Quelques gouttes de la solution sont ensuite versées sur la cassette de test, qui contient une bandelette le long de laquelle le liquide migre par capillarité.
Sur la bandelette, des anticorps fixés par le fabricant vont « accrocher » les protéines virales s’il y en a. Comme ces anticorps sont couplés à des molécules colorées, une ligne va alors apparaître : le test est positif.