Un projet expérimental combine la puissance des algorithmes et l’agilité d’un drone pour recenser les arbres en un rien de temps.
Régulièrement, un drone prend son envol au-dessus d’une plantation de peupliers hybrides dans la région de Sherbrooke. En quelques minutes, le petit engin recueille une multitude d’images couvrant une superficie de plusieurs hectares. Après son retour au sol, les données sont analysées par ordinateur.
C’est qu’une équipe scientifique utilise ce terrain appartenant à la papetière Domtar pour mieux apprendre à compter les arbres ! « Des techniques d’apprentissage profond et de traitement d’images sont en mesure de détecter et de localiser les arbres. On détermine ainsi la hauteur de chacun et son diamètre », dit avec enthousiasme Wassim Bouachir, professeur en vision par ordinateur à l’Université TÉLUQ.
L’intelligence artificielle qui est à l’œuvre derrière cet outil est entraînée pour reconnaître un arbre et le distinguer de tout autre objet ayant une apparence, une couleur ou une texture similaire. Elle sait ainsi différencier un toit vert d’un feuillage, par exemple.
Habituellement, les gestionnaires de plantations doivent déployer plusieurs travailleurs forestiers sur une partie du terrain pour effectuer des mesures et obtenir un inventaire des arbres. « C’est un travail qui peut être difficile et ardu selon la géographie du terrain, et donc difficile à répéter au cours du cycle de vie de la plantation. L’imagerie aérienne n’a pas ces inconvénients », fait valoir Wassim Bouachir.
Les images aériennes permettent de déterminer le succès ou non d’un effort de reboisement. Dans le cas de cette plantation d’arbres à croissance rapide située en Estrie, par exemple, un suivi serré peut se faire. « On est en mesure de comparer la croissance de la biomasse sur plusieurs années pour déterminer si l’on doit intervenir en utilisant des fertilisants en cas de croissance anormale », explique le chercheur.
Sous bonne garde
Si les entreprises forestières ont un intérêt pour cette sentinelle technologique, celle-ci a aussi le potentiel de séduire d’autres acteurs qui ont à cœur la santé de la forêt. Bien que cet outil soit encore au stade expérimental, il détecte les arbres qui sont malades ou qui ont des problèmes de développement. « On pourrait notamment dresser le portrait des régions où il est possible de récolter des arbres et celles où l’on doit empêcher les coupes pour protéger la forêt », avance Wassim Bouachir.
Avec les drones semeurs qui sont utilisés dans certaines régions du monde pour rétablir la biodiversité, ceux qui surveillent les incendies de forêt, ceux qui décèlent les maladies sur la cime des arbres et ceux qui surveillent leur croissance, on a assurément affaire à des anges gardiens nouveau genre !