En perçant à jour les mécanismes permettant aux parasites d’être « solidaires », l’équipe a ouvert la voie à de nouvelles stratégies de lutte contre la leishmaniose.
Longtemps considéré comme une exclusivité bactérienne, le transfert de gènes vient d’être observé entre cellules eucaryotes, bouleversant nos connaissances sur la communication intercellulaire.
Imaginez si vous pouviez partager vos gènes avec votre entourage, sélectionner ceux que vous avez en trop et les échanger contre d’autres qui manqueraient à votre collection.
Ce partage, qu’on appelle transfert de gènes horizontal, est connu depuis longtemps chez les bactéries. C’est notamment par ce mécanisme que peut se propager la résistance à un antibiotique dans une population de microbes. Mais chez les eucaryotes, organismes regroupant les plantes, les champignons et les animaux, mais aussi certains êtres unicellulaires, jamais on ne l’avait observé. Or, une étude publiée en juillet 2022 dans la revue Cell Reports montre qu’un eucaryote microscopique pouvant parasiter les humains, la Leishmania , s’adonne aussi au trafic de gènes.
« C’est une nouvelle voie de transmission de matériel génétique », explique Christopher Fernandez-Prada, professeur à la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal et auteur de l’étude.

Image réalisée grâce à la microscopie électronique à balayage montrant la libération de vésicules extracellulaires à la surface d’un parasite Leishmania .
Les parasites émettent des vésicules extracellulaires, de petits sacs qui renferment un assemblage de molécules et d’information génétique. Les cellules environnantes n’ont qu’à les absorber pour profiter de leur contenu, comme si elles ouvraient une trousse de survie.