La professeure Caroline Ménard (la première debout à gauche) et son équipe.
Lors d’une grave dépression, les hommes et les femmes ne manifestent pas les mêmes symptômes. Des scientifiques comprennent mieux pourquoi : la maladie atteint des régions différentes du cerveau.
N’entre pas qui veut dans le cerveau : la barrière hématoencéphalique est inflexible face aux intrus. Cette couche de cellules tissées serrées, qui est présente sur tous les vaisseaux sanguins du cerveau, empêche les agents pathogènes, les toxines et les molécules inflammatoires qui circulent dans le sang de s’approcher des neurones, tout en laissant passer les nutriments et l’oxygène. Mais sous l’assaut d’un stress prolongé, qui peut mener à une dépression grave, la barrière s’affaiblit.
Cette barrière protectrice est au cœur des recherches de Caroline Ménard, professeure au Département de psychiatrie et de neurosciences à l’Université Laval. Son équipe et elle ont découvert que le stress fragilisait la barrière hématoencéphalique dans des régions précises du cerveau des souris. Chez le mâle, le noyau accumbens (impliqué dans le circuit de la récompense) est affecté, alors que, chez la souris femelle, c’est plutôt le cortex préfrontal qui est altéré.
Passant du modèle animal à l’humain, l’équipe de l’Université Laval a aussi examiné des cerveaux provenant de la Banque de cerveaux de l’Institut universitaire en santé mentale Douglas. Caroline Ménard confirme avoir observé les mêmes modifications au niveau du cortex préfrontal chez les femmes ayant souffert de dépression majeure.