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Une Française qui écoute un Québécois « chialer » aura-t-elle moins d’empathie pour lui que pour un plaignard à l’accent de France ? La réponse est plus complexe qu’on pourrait le penser.
L’empathie, soit la capacité à s’identifier à autrui et à ressentir ses sentiments : voilà un concept dont on parle beaucoup depuis quelques années. C’est pourtant un phénomène peu étudié, affirme Maël Mauchand, étudiant de doctorat en neurosciences à l’Université McGill. Les scientifiques analysent souvent « l’empathie dans des situations de crise, où la douleur et la misère sont visibles. Mais l’empathie, cela passe aussi par de petits détails qui permettent d’établir des liens avec des inconnus. On comprend encore mal son rôle dans les interactions quotidiennes », dit-il.
C’est pourquoi il s’est penché sur un cas banal à Montréal : les discussions entre des personnes nouvellement émigrées de France et des Québécois. Plusieurs travaux ont déjà montré l’importance de la tonalité de la voix ou des différences culturelles dans les niveaux d’empathie exprimés par un interlocuteur. Le jeune chercheur voulait vérifier si les accents, qui imprègnent la voix d’un contexte culturel, influencent aussi l’empathie. « Les Français qui viennent d’arriver à Montréal connaissent peu l’accent québécois, sont plus ou moins intégrés et ont énormément de biais.