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27 janvier 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Le ciel étoilé disparaît plus vite que prévu en zone urbaine. Pourquoi?

Image: Ichigo121212/Pixabay

Chaque année, la pollution lumineuse augmente de 7 à 10% à travers le monde. L’observation des étoiles deviendra-t-elle impossible dans le futur?

Ce n’est pas la première fois que les experts sonnent l’alarme à propos de la pollution lumineuse. Voilà qu’une étude publiée dans Science dévoile que le phénomène en milieu urbain est beaucoup plus important que ce les satellites avaient mesuré auparavant (voir encadré plus bas).

Les scientifiques allemands et américains ont pu faire ce constat en compilant les observations provenant de 51 351 citoyens et citoyennes sur une période s’échelonnant de 2011 à 2022. Les participants devaient compter le nombre d’étoiles visibles à partir de leur lieu de résidence à certains moments de l’année. On leur demandait aussi d’identifier, parmi plusieurs cartes d’étoiles, celle qui ressemblait le plus à leur ciel nocturne.

D’après les données recueillies grâce à la science participative, la luminosité du ciel s’accentue de 7 à 10% par année, voilant du même coup de plus en plus d’étoiles pendant la nuit. Pour illustrer cette perte du ciel étoilé, les scientifiques indiquent que si aujourd’hui, « un lieu compte 250 étoiles visibles, 18 ans plus tard, il n’en comptera que 100. »

Le VIIRS, un instrument placé sur le satellite de la NASA Suomi NPP, avait mesuré en 2017 que la pollution lumineuse mondiale augmentait d’environ 2% par année. Mais la nouvelle étude démontre que ce chiffre était sous-estimé. L’instrument distingue moins clairement la lumière ayant une longueur d’onde inférieure à 500 nm (donc les lumières bleues et violettes). Cela signifie que les ampoules DEL, qui possèdent généralement une longueur d’onde de 400 à 500 nm, passent inaperçues aux « yeux » du satellite.

Les ampoules DEL seraient les principales responsables de la pollution lumineuse. Les scientifiques estiment que la part de marché des DEL a augmenté de « 1 % en 2011 à 47 % en 2019 » à l’échelle mondiale.

Ces résultats ne surprennent guère Olivier Hernandez, astrophysicien et directeur du Planétarium Rio Tinto Alcan. « Le passage aux lumières DEL il y a une dizaine d’années a eu un effet néfaste. Puisque les DEL sont économiques et consomment peu d’énergie, on a tendance à en mettre davantage pour l’éclairage », rapporte l’astrophysicien. La pollution lumineuse serait donc, en grande partie, le résultat de l’éclairage excessif et inutile dans les villes et dans certaines zones rurales.

Dans un rapport technique publié en 2021, Olivier Hernandez et ses collègues se sont notamment attardés aux sources de pollution lumineuse dans la région de Montréal pour la période de 2012 à 2020. Si la métropole a adopté les lumières DEL, elle a cependant choisi ne pas les utiliser au maximum de leur intensité. « Lorsque Montréal a fait le passage aux DEL, nous avons réussi à les convaincre d’opter pour des lumières DEL avec 70 % d’intensité lumineuse au lieu de l’intensité maximale. La ville a fait les bons choix, car cela a permis de diminuer globalement la pollution lumineuse de 15 % sur le territoire montréalais », explique Olivier Hernandez.

En examinant les images satellites, les scientifiques québécois ont remarqué que les plus grandes sources de pollution lumineuse proviennent entre autres des parcs industriels et des concessionnaires automobiles. « Même si l’administration municipale fournit des efforts pour réduire la pollution lumineuse, elle ne contrôle pas les choix d’éclairage des particuliers, des entreprises privées, des autoroutes provinciales, des serres, des concessionnaires automobiles, etc. », énumère M. Hernandez.

Le côté sombre de la lumière

La pollution lumineuse risque de perturber bien plus que notre plaisir d’observer le ciel étoilé. Elle a des conséquences physiologiques sur les humains (comme le débalancement de la production de mélatonine), les plantes et les animaux. Les auteurs de Science mentionnent que les interactions entre les prédateurs et leurs proies risquent d’être déséquilibrées. D’autres études se sont penchées sur les conséquences de la pollution lumineuse sur la migration des oiseaux, sur la reproduction des lucioles et sur l’alimentation chez plusieurs espèces d’insectes.

Quelques façons de diminuer la pollution lumineuse

  • Privilégier un éclairage dirigé vers le sol plutôt que vers le ciel.
  • Opter pour des lumières aux couleurs chaudes.
  • Utiliser des ampoules de moindre intensité.
  • Contrôler la période d’éclairage selon l’heure de la journée.

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Photo: Rémi Boucher

Sous un ciel étoilé

En 2007, à l’initiative du parc national du Mont-Mégantic, de scientifiques et de citoyens, la région de Mégantic se plongeait dans le noir pour mieux voir les étoiles.

 

 

 

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