Image: NASA/Johns Hopkins APL
Qu’a-t-on découvert suite à l’impact de la sonde DART sur l’astéroïde Dimorphos?
En septembre 2022, la sonde DART, envoyée par la NASA, percutait de plein fouet un astéroïde pour le dévier de sa trajectoire.
L’exercice visait à évaluer la faisabilité de cette stratégie de défense, dans l’éventualité où un objet astronomique se dirigerait vers la Terre. Rappelons que ce n’était pas le cas de Dimorphos, le petit astéroïde ciblé. Ce corps d’à peine 170 m de diamètre, qui tourne autour d’un autre astéroïde plus gros appelé Didymos, ne menace nullement notre planète.
Les scientifiques analysent maintenant les données recueillies et dressent le bilan de la mission dans une série de cinq articles publiés dans Nature.
Voici ce qui ressort de leurs observations.
Vitesse réduite de Dimorphos
Les scientifiques ont observé que l’impact de DART sur l’astéroïde Dimorphos a provoqué une réduction de sa vitesse orbitale (de 2,70 ± 0,10 mm s-1) autour de l’astéroïde Didymos. Ils ont constaté que l’expulsion de matériaux provenant de l’astéroïde a aussi contribué à diminuer sa vitesse. Selon les conclusions de l’article, « l’impact réussi de l’engin spatial DART sur Dimorphos et le changement d’orbite qui en résulte démontrent que la technologie des impacteurs cinétiques est une technique viable pour défendre potentiellement la Terre si nécessaire. »
Ralentir la course orbitale
On s’attendait à ce que la période orbitale de Dimorphos autour de Didymos ralentisse d’environ 7 minutes suite à la collision de DART. Le 26 septembre 2022, lorsque l’engin spatial a frappé l’astéroïde, on a plutôt observé une diminution de 33 minutes de cette « rotation ». Selon les calculs de l’équipe internationale, Dimorphos met désormais 11 h 37 min pour effectuer un tour complet autour de Didymos.

Déroulement de l’impact de l’engin spatial DART sur Dimorphos. Image: NASA/Johns Hopkins APL
Cibler un petit astéroïde
Dans un troisième article, les chercheurs et chercheuses rappellent que l’on possédait très peu de connaissances sur le petit astéroïde Dimorphos. Malgré ces limitations, l’engin spatial DART a réussi à calculer sa trajectoire pour cibler, de façon autonome, un endroit précis sur l’astéroïde et s’y écraser. « Cela indique qu’une mission de reconnaissance n’est pas une condition préalable pour intercepter un astéroïde », peut-on lire dans leur conclusion.
Science participative à l’œuvre
Grâce aux observations provenant de télescopes (eVscope) appartenant à des citoyens, localisés entre autres à l’île de La Réunion et au Kenya, on a pu en savoir davantage sur les éjectas. Ils ont ainsi capté que la luminosité de l’événement était à son maximum lors de la collision et que celle-ci est revenue à la normale au bout d’environ 23 jours. Ils ont également évalué que la masse des débris projetés aux alentours de l’astéroïde représente environ 0,3 à 0,5% de la masse de Dimorphos.
Hubble, témoin de l’impact
L’œil du télescope Hubble était tourné vers la collision entre DART et l’astéroïde. Cet événement, qui est détaillé dans le dernier article de Nature, était une occasion unique pour les astrophysiciens d’observer la naissance d’une queue d’astéroïde. Au tout début, les images d’Hubble montrent les débris dispersés de façon diffuse et des amas près de l’autre astéroïde, Didymos. Après une période de 3 à 10 heures, les débris, formant un nuage en cône, s’étendaient jusqu’à 500 km du point d’impact. Les images ont également capté la formation d’une seconde queue d’astéroïde à partir du 5e jour après la collision. Cependant, les scientifiques ignorent ce qui a permis son apparition, et elle n’était plus visible au bout de 18 jours. D’après les observations recueillies par la mission DART, on pourrait mieux estimer l’âge d’une queue d’astéroïde en examinant la taille des particules la constituant.
L’histoire ne s’arrête pas là : la mission spatiale Hera, prévue en 2024, ira étudier plus attentivement le lieu de la collision. On devrait donc en apprendre davantage sur « la masse précise de Dimorphos, sa composition et sa structure interne – ainsi que la taille et la forme du cratère laissé par DART. »