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23 mai 2023
Temps de lecture : 2 minutes

À la rescousse des tortues québécoises

Tortue mouchetée près d’une route. Photo: Simon Pelletier/Conservation de la nature Canada

Les scientifiques rivalisent d’ingéniosité pour freiner le déclin de ces espèces menacées : mise en place de passages fauniques, de piscine à vagues et de plateforme de compilation des observations citoyennes.

Les huit espèces de tortues présentes au Québec possèdent toutes un statut menacé ou vulnérable. Parmi les menaces qui pèsent sur leur survie? Les accidents de la route !

Avis aux automobilistes : le printemps est d’ailleurs une période critique pour ces animaux discrets. Les femelles, qui se déplacent vers leurs aires de ponte, doivent dans certains cas traverser des routes. Et elles le font… à pas de tortue! Elles risquent alors de terminer leur vie sous les roues d’une voiture.

Or, la mortalité d’un seul animal peut avoir un impact important sur la population de l’espèce, car la maturité sexuelle survient très tard, soit vers l’âge de 10 ou 15 ans.

Il arrive même que le bord des routes devienne un endroit prisé pour la ponte. « Avec le sable fin et l’absence de végétation, c’est un site parfait pour la nidification », constate Francisco Retamal Diaz, coordonnateur de projets dans la vallée de l’Outaouais pour Conservation de la nature Canada. « Chaque année, la tortue va s’y rendre et risque de se faire écraser, de même que les juvéniles qui vont émerger et qui vont vouloir se disperser vers le milieu humide », ajoute-t-il. Pour prévenir cette situation, il suggère de remplacer ce sable fin par des roches plus grossières pour que l’animal ne puisse pas creuser.

Les tortues serpentines, les tortues mouchetées et les tortues des bois sont plus susceptibles de traverser les routes, car elles se déplacent un peu plus que les autres.

« Il y a un débalancement des ratios entre les femelles et les mâles. Les mâles n’ont pas besoin de se déplacer et vont rester dans leur habitat. Ils sont donc moins à risque de se faire écraser sur la route », souligne Francisco Retamal Diaz, qui est également responsable de Carapace, une plateforme web qui invite les gens à signaler leurs observations de tortues à travers la province. Ceci aide les scientifiques à répertorier les endroits problématiques et permet d’intervenir, notamment en construisant des passages fauniques. Ces passages construits sur ou sous la route permettent aux tortues de se déplacer en sécurité. L’installation de clôtures est une autre avenue efficace. « Ces clôtures vont entourer le milieu humide et diriger les tortues à utiliser un ponceau de la route. Donc, au lieu de se retrouver sur le chemin, les tortues vont passer en dessous », affirme M. Retamal Diaz.

Les espèces de tortues au Québec

Tortues d’eau douce

  • Tortue mouchetée
  • Tortue serpentine
  • Tortue peinte
  • Tortue des bois
  • Tortue géographique
  • Tortue musquée
  • Tortue-molle à épines

Tortue marine : tortue luth (elle est au Québec seulement pendant l’été)

Bébé tortue des bois. Photo: Fondation Espace pour la vie – Cynthia Beaulieu

Un bon départ pour les jeunes tortues des bois

En 2014, le Biodôme de Montréal et le ministère de l’Environnement (qui était à l’époque le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs) collaborent à la mise sur pied d’un programme de conservation de la tortue des bois. Le ministère s’occupe de recueillir les œufs et de les placer dans un incubateur. Une fois sorties de l’œuf, les jeunes tortues sont transférées au Biodôme, qui les aide pendant les deux premières années de leur vie en les nourrissant et en leur fournissant des exercices physiques. Le Biodôme a d’ailleurs bâti une petite piscine à vagues où elles peuvent s’exercer à nager et à s’agripper au grillage. « Cela leur permet de développer leur musculature et d’être plus robustes pour affronter leur milieu naturel où il y a des rivières avec de grands courants », rapporte Emiko Wong, cheffe de division des collections vivantes, de la recherche et du développement scientifique au Biodôme.

Tortue des bois. Photo: Espace pour la vie

Quand les cinq premières tortues ont été libérées à la fin de l’été 2016. Emiko Wong était inquiète pour leur survie pendant le premier hiver, une période critique. « La tortue des bois entre en hibernation et va s’enfouir profondément dans un lac ou dans un ancien terrier de rat musqué. Elle diminue ensuite ses fonctions métaboliques pour être en mesure de survivre et d’avoir assez d’oxygène », explique-t-elle. Toutes ces tortues ont survécu à leur premier hiver. « On était très content, car même si elles avaient été soignées par des humains, elles ont réussi à passer au travers de l’hiver », dit-elle, soulagée.

Signe du succès du programme, on compte désormais 60 à 70 tortues qui rejoignent leur milieu naturel chaque année. Pour effectuer le suivi pendant plusieurs années, une partie d’entre elles sont équipées de télé-émetteurs et de micropuces.

À l’échelle mondiale, sur les « 356 espèces de tortues, 148 sont inscrites à la liste des espèces menacées » selon la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature.

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