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Les titres des journaux sont sensationnels : au large des côtes espagnoles et portugaises, une orque sèmerait la panique en apprenant à ses congénères à « attaquer » les bateaux pour se venger d’une collision… Démêlons le vrai du faux.
Tu as peut-être déjà vu le film Mon ami Willy où un adolescent devient ami avec une orque en captivité ? On se souvient encore de cette scène mythique où l’orque saute hors de l’eau, au-dessus de l’adolescent, pour rejoindre l’océan et sa liberté. Loin de cette image romantique de l’animal, de nombreux articles ces derniers temps décrivent les orques comme des animaux revanchards qui attaquent les bateaux. Qu’en est-il des orques, réellement ? Amies à sauver ou tueuses au sang-froid ? Ou tout simplement des animaux sauvages mal compris ?
Revenons d’abord aux faits. Dans la zone du détroit de Gibraltar se trouvent des groupes d’orques de l’Atlantique Nord, une sous-population d’Orcinus orca. Elles se trouvent là, car il y a une forte concentration de thons rouges, dont elles se nourrissent. Or, depuis 2020, de nombreuses interactions entre ces mammifères marins et des bateaux ont été enregistrées. Les orques s’approchent en groupe des bateaux – en majorité des voiliers – pour toucher leur coque, voire les cogner ou taper leur gouvernail. Les orques restent en moyenne 40 minutes autour des bateaux à les chahuter. Surtout, certaines orques réussissent à arracher le gouvernail ou à infliger de sacrés dégâts, allant jusqu’à couler les bateaux !
Des rumeurs d’orques en soif de vengeance ont alors commencé à gronder. Car derrière cela, se trouverait Gladis Blanca, une orque adulte qui a déjà été blessée par un bateau. Il n’en fallait pas plus pour installer la légende : pour se venger, elle apprendrait à des orques plus jeunes à attaquer les voiliers.
Qu’en disent les scientifiques ? Deux hypothèses sont avancées pour expliquer ces comportements. D’abord, ces attaques ne seraient que des comportements de jeu ou de curiosité. Excitées par le gouvernail qui fend l’eau, les orques tenteraient de le toucher ou de le croquer. La deuxième hypothèse suggère un comportement de précaution. Gladis Blanca a effectivement été victime d’un accident avec un bateau, comme l’attestent ses cicatrices. Elle viendrait ainsi au contact des bateaux pour tenter de diminuer leur vitesse et éviter à d’autres animaux marins d’être blessés. De jeunes orques l’ont alors imité puis ce comportement s’est répandu chez plusieurs groupes.
De tels comportements d’imitation ont déjà été observés. Dans les années 1980, plusieurs orques avaient commencé à mettre des saumons morts sur leur tête en guise de chapeau, jusqu’à ce que ce comportement disparaisse progressivement au fil du temps. Les récentes interactions des orques avec des voiliers sont peut-être aussi une simple « mode »…