Photo: Jonathan Banks (Microsoft)
On a immergé un centre de données sous l’océan pendant 2 ans. Objectif de l’expérience : voir si l’on peut réduire l’impact environnemental de ce type d’infrastructure. Qu’a-t-on trouvé en remontant le caisson étanche rempli de serveurs informatiques ?
Lorsque tu effectues une recherche sur Internet ou que tu regardes une vidéo, des données sont échangées entre ton téléphone ou ton ordinateur avec d’autres ordinateurs (des serveurs) rassemblés dans des centres de données. Les ordinateurs de ces centres de données gèrent en permanence les millions de données échangées chaque jour partout dans le monde ! Le problème est que ces centres de données consomment beaucoup d’énergie et génèrent extrêmement de chaleur. Il faut donc les refroidir pour assurer leur fonctionnement. Près de la moitié de l’énergie utilisée par un centre de données sert à son refroidissement !
Une idée un peu folle a alors émergé chez Microsoft. Pourquoi ne pas installer ces centres de données sous l’océan, afin de les refroidir avec l’eau de mer ? L’objectif étant de diminuer au maximum l’impact carbone et environnemental de ces installations. Un projet expérimental a ainsi vu le jour en 2018 : le projet Natick. Un grand tube étanche contenant plus de 800 serveurs a été plongé à 35 mètres de profondeur au large de l’Écosse. Le caisson étanche a été équipé d’un système de refroidissement par circulation d’eau de mer, comme dans les sous-marins. Au bout de 2 ans de fonctionnement sous-marin, le tube a été remonté pour analyse. Quels sont les résultats ?
Au-delà de l’aspect écologique, l’équipe responsable du projet a constaté une amélioration de la fiabilité globale du centre de données ! Pour 8 serveurs défaillants sur terre, on n’en compte qu’un défaillant sous l’eau. Ce qui est d’autant moins de serveurs à réparer ou remplacer. Pourquoi ce résultat ? Sur terre, les variations de température et du taux d’humidité abiment les infrastructures, tout comme l’oxygène de l’air, qui est très corrosif. Or, sous l’eau, les variations sont infimes et le gaz présent dans le tube étanche est de l’azote, ce qui détériore moins les serveurs.
Le dispositif a fonctionné à 100% grâce aux énergies solaire et éolienne, sans utilisation d’eau douce pour le système de refroidissement.
Même si l’infrastructure est plus écoresponsable, ne vient-elle pas gêner la faune et la flore marines ? Pour le savoir, des microphones ont été installés autour du caisson. Les enregistrements montrent que le bruit de fonctionnement des serveurs était couvert par le cliquetis des queues de crevettes. Pas de quoi empêcher les poissons de dormir. En revanche, la chaleur dégagée ne risque-t-elle pas de contribuer au réchauffement de l’océan ? Pour ce projet, la chaleur émise et dispersée dans l’océan a été minime. Il faudra maintenant confirmer ces résultats avec des infrastructures plus volumineuses avant d’envisager une réelle utilisation commerciale de ces centres de données sous-marins.
Tes prochains Twitch seront peut-être stockés sous l’eau !