Photo: Earl Wilcox/Unsplash
Chaque automne, un gala célèbre les découvertes qui font rire et réfléchir. Voici les recherches les plus loufoques de cette nouvelle cuvée des prix Ig Nobel!
La 33e cérémonie s’est tenue en ligne le 14 septembre dernier. Les prix Ig Nobel, astucieusement nommés en référence à « ignoble » et « Nobel », sont un clin d’œil aux prestigieux prix Nobel qui seront remis un peu plus tard en octobre.
L’événement, qui est organisé par le magazine scientifique et humoristique Annals of Improbable Research, fait découvrir des projets rigoureusement scientifiques… qui font assurément sourire. Voici notre sélection.
Prix en chimie et géologie : léchage de roches
Les géologues et paléontologues ont parfois un comportement inusité sur le terrain : celui de lécher les roches. Pourquoi? Jan Zalasiewicz, lauréat de ce prix Ig Nobel, fait la lumière sur cette question en expliquant que « la surface d’une roche devient plus facilement observable une fois mouillée », a-t-il indiqué pendant la remise de prix. Ainsi, on voit mieux les grains, leurs formes et leur disposition. Le professeur à l’Université de Leicester, qui a fouillé l’histoire de cette tradition centenaire, insiste pour dire que l’exercice est futile lors des jours de pluie!
Prix en ingénierie : des pinces-araignées
Même si elle a trépassé, une araignée peut vivre une deuxième vie entre les mains de scientifiques astucieux. Une équipe d’ingénieurs de l’Université Rice, à Houston (Texas), a eu l’idée d’utiliser des araignées mortes comme pince robotique pour attraper différents objets. Une simple petite pression (de l’air est introduit par une aiguille) permet d’ouvrir les pattes de l’araignée. Au contraire, en diminuant la pression, les pattes se referment. Jusqu’à présent, ce « dispositif » a pu agripper 1,3 fois le poids de l’arachnide.
Cette branche de la robotique, nommée nécrobotique, s’inspire de propriétés des animaux et des insectes qui sont difficilement copiables. Comme quoi la nature a toujours plus d’un tour dans son sac!
Prix en santé publique : faire son bilan de santé, une chasse d’eau à la fois
Aller à la toilette, c’est du sérieux pour Seung-min Park. Ce chercheur sud-coréen, aujourd’hui rattaché à l’Université Stanford, a inventé une toilette hyper techno qui compile à long terme – et avec moult détails! – tout ce qui se retrouve dans la cuvette. Grâce à divers capteurs, la toilette analyse l’urine et son volume, classe les excréments selon l’échelle de Bristol, prend des photos…
Il y a de bonnes raisons de fouiller autant dans la cuvette, selon le scientifique. L’analyse des excréments permet notamment de détecter précocement certaines maladies. « Regardez votre bilan de santé, ne gaspillez pas vos déchets! » a clamé le chercheur pendant la cérémonie. Alors, à quand votre prochain cacaportrait?
Prix en médecine : fouiller les narines de cadavres
On se demande ce qui a mené des scientifiques à se pencher sur cette drôle de question : une personne possède-t-elle le même nombre de poils d’une narine à l’autre? Selon l’une des chercheuses en dermatologie, c’est en étudiant la perte de cheveux qu’elles ont commencé à s’y intéresser. Pour en avoir le cœur net, elles ont examiné les narines de 20 cadavres. Le constat? La narine gauche semble en moyenne contenir un peu plus de poils (120) que la narine droite (112).
Prix en nutrition : une saveur électrisante
Des scientifiques japonais ont tenté de stimuler les papilles gustatives à l’aide d’un courant électrique. Ce faisant, ils ont découvert qu’électriser des baguettes ou une paille pouvait altérer le goût des aliments (qui contiennent des électrolytes pour faire passer le courant) perçus par notre langue.
L’un des chercheurs compare l’expérience gustative à la sensation de lécher une pile de 9 volts. Deux chercheurs présents à la cérémonie arguent que leur invention rehausse le goût des plats faibles en sodium, laissant poindre l’espoir d’éventuellement réduire la quantité de sel dans nos repas.
Prix en psychologie : regarde en l’air!
Il n’est jamais trop tard pour gagner un Ig Nobel, comme le prouve la récompense décernée à trois chercheurs américains (dont le psychologue Stanley Milgram, aujourd’hui décédé, célèbre pour son expérience sur l’obéissance où des volontaires infligeaient des décharges électriques de plus en plus extrêmes à un acteur) pour une expérience inusitée réalisée en 1968. L’équipe a voulu tester le pouvoir d’influence des foules. L’expérience menée dans les rues de New York comprenait plusieurs groupes de volontaires (allant d’une seule personne à des groupes de 2, 3, 5, 10 et 15 individus) qui devaient s’arrêter et regarder vers les étages supérieurs d’un immeuble pendant 60 secondes avant de se disperser. Le chercheur Leonard Bickman, qui était présent à la cérémonie, explique qu’ils voulaient ainsi observer l’effet de ce comportement sur les passants. Résultat des tests menés sur plus de 1400 passants? Si un seul volontaire levait les yeux, les piétons étaient moins enclins à faire de même. Mais à mesure que le groupe de volontaires prenait de l’ampleur, une proportion plus grande de piétons changeait de comportement, s’arrêtant pour voir ou lever les yeux vers le ciel.