La rivière Dezadeash, au Yukon. Photo: Alessandro Ielpi
Science peut parfois rimer avec surprise : une équipe qui s’intéressait au comportement des rivières avec le réchauffement de l’Arctique a obtenu des résultats défiant toutes les prédictions.

Pascale Roy-Léveillée avec un échantillon de pergélisol. Photo: Emmanuel L’Hérault
Mackenzie, Yukon, Porcupine, Kuparuk… En Alaska, au Yukon et aux Territoires du Nord-Ouest, de grandes rivières ont fait leur lit sur le pergélisol et zigzaguent dans la toundra. Dans leurs méandres, sous la force du courant, leurs berges s’érodent tranquillement vers l’extérieur, ce qui fait « migrer » les rivières latéralement. Avec le climat qui se réchauffe et le pergélisol qui dégèle, les scientifiques prédisaient une accélération de cette migration latérale.
Or, c’est tout le contraire qui se produit : cette migration ralentit, révèle un article publié en mars 2023 dans Nature Climate Change et cosigné par Pascale Roy-Léveillée, professeure au Département de géographie à l’Université Laval, et trois collègues du Canada, des États-Unis et de l’Italie. La compilation d’images satellites de plus de 1000 kilomètres de rives sur 10 grandes rivières sinueuses qui courent dans le Grand Nord a permis de constater que, loin de s’accélérer, la migration latérale de ces rivières a plutôt diminué de 20 % au cours des 50 dernières années, à un taux moyen de 3,7 ‰ par année.