Et si une simple prise de sang pouvait remplacer les outils de diagnostic coûteux et invasifs actuellement utilisés pour détecter la maladie d’Alzheimer ? C’est le pari que l’équipe de recherche du Dr Pedro Rosa-Neto entend relever grâce au suivi de plus de 1000 personnes inscrites à la cohorte « Biomarqueurs de vieillissement et de démence » (BioVie) du Centre de recherche Douglas, à Montréal.
L’alzheimer se caractérise par l’accumulation de plaques amyloïdes et de protéine Tau dans le cerveau. Une accumulation qui débute bien avant l’apparition des symptômes, et que l’équipe pense pouvoir déceler grâce à la présence de ces protéines dans le sang. « Ça ouvre la possibilité de traiter les gens avant qu’ils ne développent une démence », explique Pedro Rosa-Neto, qui précise être en train d’affiner ces tests pour qu’ils soient aussi performants que les autres moyens diagnostiques actuellement utilisés.
Si aucun traitement curatif n’existe aujourd’hui au Canada, le fait de disposer d’un test sanguin diagnostique faciliterait la mise sur pied d’essais cliniques préventifs à grande échelle.
À ce jour, le diagnostic s’appuie surtout sur l’imagerie cérébrale et la ponction lombaire, qui permet elle aussi de déceler un taux anormal de protéine Tau. Mais ces examens sont coûteux et invasifs, et requièrent le concours de médecins spécialistes. « Présentement, il n’y a pas, au Canada ni dans d’autres pays, les infrastructures suffisantes pour faire passer ces tests à tout le monde. Nous sommes en train de faire la validation des tests sanguins, [c’est-à-dire d’en comparer les résultats avec les tests diagnostiques traditionnels] pour les utiliser à large échelle, chez les médecins de famille », fait valoir le neurologue, précisant que ces nouveaux tests pourraient être une « réalité clinique d’ici un ou deux ans ».
Une longueur d’avance pour le Québec
Le chercheur mentionne que c’est par la caractérisation complète des personnes suivies – scan, ponction lombaire et biomarqueurs sanguins – tous les 12 à 18 mois que la cohorte BioVie se distingue. « C’est fantastique : les patients sont nos collègues. Ils connaissent tous nos articles scientifiques. Ils posent des questions sur la physiopathologie de la maladie. Ils participent activement », note-t-il.
Pourra-t-on un jour traiter la maladie d’Alzheimer, ou du moins freiner sa progression ? « Il y a actuellement des progrès importants. Je pense que, de toutes les maladies dégénératives, la maladie d’Alzheimer est peut-être celle pour laquelle nous allons trouver une solution le plus rapidement », conclut Pedro Rosa-Neto.
- La maladie d’Alzheimer est le trouble neurocognitif le plus répandu au sein de la population, comptant pour 60 à 80 % de tous les troubles neurocognitifs.
- Avec le vieillissement de la population, d’ici 2030, 1 million de personnes pourraient vivre avec un trouble neurocognitif au Canada.
- L’activité physique, le maintien d’une bonne santé cardiaque et l’entretien d’un bon réseau social sont des gestes facilement applicables à l’échelle individuelle pour réduire les risques de démence.
Les centres financés par le FRQS sont des catalyseurs de recherche de pointe, des lieux de formation aux études supérieures et des plateformes de transfert des connaissances et des technologies vers les services de santé.
En partenariat avec le Fonds de recherche du Québec – Santé.