Dans son ultime éditorial, Mélissa Guillemette explore la rencontre entre la rigueur scientifique et l’urgence de comprendre et découvrir notre monde.
L’animateur de radio britannique Quentin Cooper a déjà dit ceci à propos de la relation entre la science et le journalisme : « La science valorise le détail, la précision, l’impersonnel, la technique, le durable, les faits, les chiffres et la justesse. Le journalisme valorise la brièveté, l’approximation, le personnel, le familier, l’immédiat, les histoires, les mots et l’instant présent. Il y aura des tensions. »
Bien sûr. Mais si on y met du temps et de la rigueur, il y aura aussi des feux d’artifice ! Après tout, on parle de la rencontre entre un moteur de progrès et un pilier de notre démocratie ! Voyez par vous-mêmes avec les dossiers riches contenus dans ce numéro. Nancy Caouette s’est rendue au Nunavik pour faire la lumière sur les risques sanitaires du brûlage des déchets à ciel ouvert ; Alexis Riopel, Gabrielle Anctil et Marine Corniou ont fait équipe pour exposer les enjeux de l’heure en intelligence artificielle ; et Raphaëlle Derome brave une alerte de tornade pour nous raconter comment la météorologie s’adapte à cette ère d’intensification des évènements extrêmes.
C’est pour assister à ce spectacle que vous êtes prêts et prêtes à payer pour un abonnement à Québec Science ou un numéro en kiosque. Malgré le fait que tout coûte de plus en plus cher, de l’épicerie au loyer, vous acceptez de consacrer un montant d’argent pour nous lire. Comment vous remercier ?
Comme moi, vous trouvez probablement qu’un des plus grands plaisirs dans la vie est de comprendre et découvrir. Sortir de sa bulle, de sa zone de confort pour faire vibrer ses neurones. Cela demeure une destination à peu de frais : le cosmos s’ouvre à nous ; l’ADN nous fait plonger dans le vivant ; les artéfacts se mettent à parler d’autres temps. Les débats éthiques peuvent nous faire tourner la tête et les enquêtes, retourner notre vision du monde. Le discours de nos décideurs et décideuses ou encore de personnalités du monde économique ou autre prend un nouveau relief lorsqu’il est décortiqué à la lumière des connaissances scientifiques.
Le discours de nos décideurs et décideuses ou encore de personnalités du monde économique ou autre prend un nouveau relief lorsqu’il est décortiqué à la lumière des connaissances scientifiques.
Autre point que nous avons en commun : vous aimez le français. Vous aimez comprendre et découvrir la science en français. Peut-être le français est-il votre seule langue. Cela ne devrait pas vous enlever le droit d’être bien informé en matière de sciences. Ou peut-être lisez-vous des contenus dans d’autres langues, mais tenez-vous néanmoins à pouvoir en consulter dans cette langue maternelle ou d’adoption que vous partagez avec Molière et Tremblay. Cela a du sens pour vous, car chaque langue porte en elle des perspectives et une culture. Un article du New Scientist sur le sujet de l’heure touchera des cordes différentes qu’un reportage sur le même sujet réalisé par un ou une journaliste de Québec Science, par exemple.
Vous avez aussi envie de connaître ce qui se fait en science au Québec, et dans le reste du Canada. Les avancées scientifiques de pays comme les États-Unis inondent les médias d’un bout à l’autre de la planète. Il faut savoir que les budgets des départements de communications là-bas n’ont rien à voir avec ceux de nos universités et centres de recherche. Savez-vous combien de courriels je peux recevoir concernant des découvertes réalisées chez nos voisins du Sud dans une journée ? Une flopée !
Attention : ce n’est pas par chauvinisme que la science de chez nous m’intéresse. C’est que ma société m’intéresse ! Je veux savoir ce qui s’y construit, et vous aussi, j’imagine. Un peu comme il fait bon de suivre les artistes d’ici pour comprendre où nous sommes rendus et où nous allons collectivement. De plus, je veux savoir quel type de recherche est financé avec mes impôts ! Pas vous ?
Tout ça, c’est la mission que poursuit Québec Science depuis 1962. Une mission à laquelle j’aurai collaboré pendant huit ans, d’abord comme journaliste, puis comme rédactrice en chef. Mais aujourd’hui, il est temps pour moi d’entamer un autre chapitre de ma vie professionnelle. Ce fut une aventure incroyable, qui m’a profondément transformée, comme journaliste, mais aussi comme citoyenne.
La nouvelle rédactrice en chef est Marine Corniou, dont vous connaissez déjà la plume maintes fois primée et le regard avisé : vous lisez ses reportages dans ces pages depuis maintenant 13 ans. Des feux d’artifice, elle vous en fera voir de toutes les couleurs ! J’ai déjà hâte de recevoir le prochain numéro, en fière abonnée.
Félicitations! Tout un acquis pour Québec Science!
Si cela pouvait faire aboutir la Fusion nucléaire, énergie, que l’on nous dit presque gratuite, est-ce que ce ne serait pas merveilleux ! Faire très attention, comme bien d’autres technologies, elle peut, construire ou d’détruire.