Les approches collaboratives ont le vent en poupe. Des chercheurs et chercheuses en didactique se creusent la tête pour les favoriser.
Tout comme la société, le système scolaire est en constante évolution et il est un puissant agent de socialisation. Par le biais des apprentissages et plus largement de l’expérience scolaire, il tente de former des citoyens et des citoyennes. La coopération fait d’ailleurs partie du lot des compétences à acquérir à l’école. À la clé ? « Interagir avec ouverture d’esprit dans différents contextes, contribuer au travail collectif et tirer profit du travail en coopération. »
Après tout, l’apprentissage ne se fait jamais de façon isolée, et l’enseignement non plus. Autant miser sur la force du collectif !
L’IA, outil pédagogique prometteur
ChatGPT a fait une entrée fracassante dans le monde de l’éducation, au grand dam de nombreux professeurs, qui y ont vu un outil de « tricherie ». Et si l’intelligence artificielle (IA) pouvait au contraire faciliter l’enseignement ? C’est l’idée que défend Raoul Kamga Kouamkam, professeur au Département de didactique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et spécialiste de l’intégration du numérique en éducation.
Le professeur est persuadé qu’aujourd’hui, les outils d’IA générative peuvent aider non seulement les élèves, mais aussi le personnel enseignant en science au secondaire. Ces systèmes pourraient par exemple créer des problèmes complexes plus faciles à résoudre en groupe que de façon individuelle. L’ordinateur serait en mesure de générer sans cesse un nouveau problème, tant et aussi longtemps qu’il ne serait pas résolu par les jeunes en équipe. Ces derniers pourraient aussi, ensemble, devoir distinguer les bonnes informations scientifiques des mauvaises générées par un système d’IA.
L’adoption de ces technologies se heurte toutefois au manque de moyens et à la résistance au changement. Car beaucoup d’enseignants et d’enseignantes voient dans l’utilisation de l’IA une charge supplémentaire. Il faudra donc « revoir les méthodes d’enseignement et d’évaluation, ainsi que la formation des enseignants » pour bien intégrer ces outils, soutient le chercheur.
Pour le plaisir d’écrire
Si la lecture et l’écriture font souvent office d’activités « solitaires », leur apprentissage pourrait être facilité par le travail d’équipe. C’est entre autres une des pistes explorées par Jessy Marin, à l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), dont un des principaux sujets de recherche est l’écriture en collaboration.
Une tâche qui va bien au-delà du simple travail d’équipe. « Il faut outiller les élèves pour qu’ils soient en mesure d’accomplir des gestes aidants pour eux et pour leurs partenaires », résume la professeure. Par exemple, pour une expérience de tâche d’écriture réalisée à deux, son équipe a demandé aux élèves de s’asseoir côte à côte. « Nous leur avons donné une seule feuille et deux crayons de couleur différente pour qu’ils puissent voir le travail réalisé par chacun. Nous leur avons dit qu’il était important de regarder la personne qui écrit et de faire des commentaires ou de poser des questions lorsque celle-ci fait une pause, pour ne pas freiner son élan. Ce sont des modalités et des gestes qui peuvent paraître simples, mais qui ont grandement favorisé l’engagement », explique celle qui utilise aussi les approches collaboratives auprès de ses étudiants et étudiantes, futurs membres du corps enseignant.
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