Le papyrus, déroulé virtuellement grâce aux rayons X, laisse apparaître 15 colonnes de texte. Photo: Vesuvius Challenge
La bibliothèque d’une villa ensevelie par la grande éruption du Vésuve commence à livrer ses secrets.
En janvier dernier, penchée sur son écran d’ordinateur, la papyrologue italienne Federica Nicolardi a posé les yeux sur un texte que personne n’avait lu depuis près de 2000 ans. Les quinze colonnes de ce manuscrit rédigé en grec ancien traitent du plaisir des sens, de musique et de nourriture. « Il s’agit très clairement d’un texte philosophique, observe-t-elle. L’un des mots qui revient le plus souvent, c’est ἡδονή [hédoné], ce qui veut dire plaisir. Et le plaisir, c’est l’une des valeurs les plus importantes de l’épicurisme », un courant philosophique antique voué à la recherche du bonheur.
Du plaisir, cette découverte en procure aux spécialistes de l’Antiquité gréco-romaine, qui voient une nouvelle ère s’ouvrir dans leur champ d’études. En effet, le rouleau de papyrus traduit par Federica Nicolardi, professeure à l’Université de Naples – Frédéric-II, était illisible, noirci par l’éruption du Vésuve de l’an 79. La catastrophe avait aussi collé ses lamelles les unes aux autres, comme celles d’un croissant carbonisé. Toutefois, trois étudiants ont réussi l’an dernier à déchiffrer une numérisation aux rayons X du cylindre grâce à des algorithmes d’intelligence artificielle (IA). Résultat : un rouleau de papyrus « déroulé virtuellement ».
« C’est le début d’une révolution », confirme avec enthousiasme Mme Nicolardi.