Après avoir développé le premier outil d’évaluation alimentaire en ligne pour la population québécoise, le centre de recherche NUTRISS — Nutrition, santé et société — de l’Université Laval cherche maintenant à l’adapter pour les milieux communautaires. Une innovation sociale pour réduire les inégalités liées aux habitudes de vie !
Pour en apprendre plus sur les déterminants de la saine alimentation au Québec, il faut analyser ce que les gens mangent, fait valoir le directeur scientifique du NUTRISS, Benoît Lamarche. Mais les méthodes traditionnelles — entrevues avec des spécialistes de la santé ou questionnaires papier — sont énergivores et coûteuses. Son équipe a donc adapté à la population québécoise le questionnaire R24W (ou rappel de 24 heures sur le Web), dans lequel les participants et participantes consignent occasionnellement leur alimentation des dernières 24 heures.
« Le R24W est un outil standard en nutrition, issu de l’émergence des formulaires Web pour faciliter la collecte et l’analyse des données, précise Benoît Lamarche, en rappelant l’inexistence de ce genre d’outil au pays et l’inadaptation de ceux de nos voisins du Sud à notre “culture alimentaire”. On a donc conçu un R24W adapté au Québec ! »
Développé en 2014, cet outil a maintes fois été perfectionné et validé auprès de différents segments de population. Il est présentement utilisé par plus de cinquante équipes de recherche partout au Canada, ainsi que pour le projet NutriQuébec, le « plus grand projet sur la nutrition et la santé de la population québécoise jamais réalisé », qui suivra des milliers de volontaires pendant au plus 25 ans.
Mais pour avoir des données justes et représentatives de toute la population, encore faut-il être en mesure de consulter tout le monde ! « Comme il est très difficile d’atteindre les populations dites plus vulnérables, on manque de données à leur sujet. Le volet communautaire de NutriQuébec a enthousiasmé ces milieux [car ils auront] des données pour évaluer [leurs] interventions », souligne Benoît Lamarche. Il ajoute cependant que le questionnaire en ligne se heurte encore à certaines limites, comme les niveaux de littératie numérique et alimentaire de ces populations. Benoît Lamarche a toutefois bon espoir de « démocratiser » l’utilisation du R24W, grâce à la rétroaction des intervenants et intervenantes communautaires, ainsi qu’à celle des responsables des planifications d’interventions de santé et de politiques publiques concernant l’alimentation.
« On peut certainement imaginer que, dans un an ou deux, on identifiera les déterminants, par exemple, de la consommation adéquate de légumes et fruits dans ces populations, ainsi que les facteurs qui la promeuvent efficacement, explique-t-il, émettant l’hypothèse que ces facteurs diffèrent peut-être de ceux de la population générale. C’est sur ces cordes-là qu’il faudra tirer pour réussir nos interventions en santé communautaire ou en santé publique. »
En attendant la simplification du R24W, le chercheur invite la population à s’inscrire à l’étude longitudinale NutriQuébec. « C’est un don de soi, un peu plus d’une heure par année. Les gens reçoivent un petit bilan, mais surtout ils contribuent à un projet de société crucial, qui nous aidera à mieux comprendre le lien entre la saine alimentation et la santé au Québec, puis à informer les responsables des futures politiques et des futures actions. »
Photo: Unsplash/Anh Nguyen
Le saviez-vous ?
- Au Canada, la mauvaise alimentation est le principal facteur de risque de mortalité et au deuxième rang des risques d’incapacité.
- Le fardeau économique de la mauvaise alimentation représente environ 13,8 milliards de dollars.
- Pour participer à l’étude NutriQuébec, il faut s’inscrire sur nutriquebec.com. Les participants et participantes s’engagent à prendre environ une heure pour remplir des questionnaires sur leur alimentation lors de deux jours choisis au hasard, sur quelques caractéristiques socio-économiques, ainsi que sur certaines habitudes de vie.
Les centres financés par le FRQS sont des catalyseurs de recherche de pointe, des lieux de formation aux études supérieures et des plateformes de transfert des connaissances et des technologies vers les services de santé.
En partenariat avec le Fonds de recherche du Québec – Santé.