Le cynisme en politique est-il une figure imposée ? Pour restaurer la confiance et faire en sorte que nos élus puissent donner le meilleur d’eux-mêmes, des solutions sont à portée de main.
Sur l’échelle de la confiance, les politiciens et politiciennes ne grimpent pas haut… La population québécoise les place entre les vendeurs d’automobiles et les avocats. Cette méfiance prend sa source dans plusieurs scandales de corruption, souvent amplifiés, voire déformés, sur les réseaux sociaux, où les fausses nouvelles circulent plus vite que les informations vérifiées.

Stéphane Paquin, professeur titulaire à l’École nationale d’administration publique. Photo: Institut d’administration du Québec
Pour Stéphane Paquin, professeur titulaire à l’École nationale d’administration publique (ENAP), qui scrute à la fois les politiques publiques du Québec et du Canada, la diplomatie et les négociations commerciales internationales, les solutions pour rétablir la confiance sont à portée de main. D’abord, estime-t-il, il faut des élus bien formés pour faire face à leurs nouvelles fonctions. Ensuite, il faut les sensibiliser aux meilleures pratiques d’ici et d’ailleurs – ailleurs étant, sans trop de surprise, les pays scandinaves.
Si ces modèles fascinent aussi bien à gauche qu’à droite, on les regarde parfois de façon un peu naïve, souligne le représentant de l’ENAP et de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), titulaire de la Chaire Jarislowsky sur la confiance et le leadership politique. Plusieurs sont béats d’admiration devant le formidable système de santé de la Suède ou de la Norvège, oubliant leur taux d’imposition élevé. D’autres s’émerveillent de la quasi-absence de corruption, ignorant que les politiciens et politiciennes sont légalement soumis à une transparence absolue sur leurs revenus et leurs dépenses.
« J’ai déjà eu des discussions avec des ministres québécois à ce sujet, se souvient Stéphane Paquin. Ils étaient convaincus que ce système de transparence alimenterait les dénonciations de citoyens. L’exemple de la Suède nous prouve le contraire : cela a un effet dissuasif. Dans ce pays, l’État recrute également le personnel politique ; un député ne peut embaucher un ami ou un membre de sa famille. » Stéphane Paquin rappelle qu’au moment où Paul Martin était premier ministre du Canada (2003-2006), il avait obligé les fonctionnaires et les hauts fonctionnaires à publier leurs notes de dépenses. « Des restaurants d’Ottawa avaient alors fermé leurs portes », souligne le chercheur.
Adopter de meilleures pratiques augmenterait certainement le niveau de confiance de la population à l’égard des élus… et ceux-ci ne récolteraient pas une volée de bois vert chaque fois qu’ils évoquent une quelconque hausse de taxes. « Au Québec, après tous les scandales des 20 dernières années, la population est convaincue que l’argent public sert surtout à des entreprises corrompues. Quand la confiance s’effrite, la démocratie en est grandement affectée. »
Or, la vocation politique existe encore… « Avec mes collègues d’autres universités canadiennes, nous développons des formations pour les étudiants de tous les horizons – en génie, en histoire, en droit ou en économie – qui souhaitent se lancer en politique. À Trois-Rivières, le besoin est très grand au niveau municipal pour des formations continues et intensives. Au sein de l’UQTR, plusieurs personnes ont levé la main pour les bonifier et ainsi mieux outiller les élus. » La démocratie québécoise ne s’en portera que mieux.