Depuis des décennies, on imagine le futur peuplé de robots à tout faire, capables de nous soulager des corvées pénibles. Eh bien, on y est !
Si la science-fiction nous abreuve depuis longtemps de scénarios futuristes où les robots remplacent les humains dans toutes sortes de situations, l’avenir est peut-être plutôt à une collaboration avec les machines.
C’est du moins ce que laissent présager les travaux de David St-Onge, professeur au Département de génie mécanique de l’École de technologie supérieure (ÉTS). « Jusqu’au début des années 2000, les systèmes robotiques utilisés dans l’industrie manufacturière étaient séparés des travailleurs », explique-t-il. Pour des raisons de sécurité, mieux valait tenir le personnel à distance des machines d’assemblage. Mais cette frontière s’estompe de plus en plus, au profit de la « robotique collaborative ». « Le système robotique et les employés partagent désormais l’espace et la tâche de travail, précise le chercheur. Les robots collaboratifs, ou cobots, sortent de leur cage ! »
Dans les faits, ils sont le plus souvent fixes : il s’agit de bras robotisés qui assistent un humain pour des tâches de précision. « Mais de plus en plus de cobots deviennent mobiles, notamment en manutention. Notre équipe travaille à combiner les deux : mettre des bras robotiques sur des bases mobiles, qui peuvent, par exemple, se saisir d’une pièce et l’amener ailleurs dans l’usine. »
Le hic, c’est qu’il n’existe pas encore de normes de santé et de sécurité pour assurer une cohabitation heureuse entre le personnel humain et ces assistants métalliques. « Un de mes étudiants travaille par exemple sur la prédiction des actions et des mouvements des travailleurs, pour éviter les collisions », ajoute-t-il. Son objectif : toujours partir du besoin des humains pour trouver des solutions robotisées utiles, bien perçues et qui suscitent l’engagement du personnel.
Mines 4.0
Réduire les risques pour le personnel, tout en augmentant la productivité : c’est aussi ce que vise Mourad Nedil, professeur à l’École de génie de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), dans le secteur minier cette fois. « Les mines intelligentes sont l’avenir de l’industrie minière. Elles intègrent des technologies comme l’Internet des objets, les mégadonnées [big data] et l’intelligence artificielle pour optimiser les opérations, automatiser les processus et garantir des environnements plus sûrs, efficaces et durables. Les robots autonomes, tels que les véhicules miniers et les drones spécialisés, jouent un rôle essentiel dans cette transformation », explique le titulaire de la Chaire institutionnelle en développement de nouvelles technologies de communication et d’automatisation pour les mines intelligentes.
Le défi : faire communiquer tous ces outils dans des mines souterraines ! « L’environnement complexe des galeries minières, avec ses diffractions et réflexions multiples, perturbe les signaux radio. De plus, l’absence de GPS constitue un défi majeur pour les robots autonomes. Ils doivent se tourner vers d’autres techniques de localisation, comme des lidars, des caméras pour cartographier l’environnement et estimer la position en temps réel. L’un des objectifs de la Chaire est de concevoir des antennes pour assurer une communication entre les robots mobiles et les systèmes de contrôle, tout en développant des algorithmes de navigation autonome », ajoute l’expert. Il met les bouchées doubles pour y parvenir : ces mines intelligentes sont déjà une réalité, notamment en Australie, mais le « niveau de maturité technologique au Québec reste inférieur à celui des leaders mondiaux ».
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