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19 juin 2025
Temps de lecture : 2 minutes

Protégeons la nuit

La Voie lactée est visible loin de la pollution lumineuse. Photo: Kanenori/Pixabay

De plus en plus d’étoiles disparaissent de nos nuits. Pour les admirer, il faudra contrer la pollution lumineuse pour le bien de toute la biodiversité, nous y compris!

Lors des nuits du 11 au 14 août, nous serons nombreux et nombreuses à lever les yeux pour observer les étoiles filantes des perséides. Malheureusement, ce spectacle, tout comme le ciel étoilé en général, est de plus en plus difficile à observer. Il faut s’éloigner toujours davantage des centres urbains, petits et grands. Le problème, c’est la pollution lumineuse ! Une partie de la lumière produite par les activités humaines monte vers le ciel, rebondit sur les molécules de l’atmosphère et revient vers nous en noyant la lueur des étoiles.

Près de 80 % de la population de la planète est affectée par cette pollution. En Amérique du Nord, c’est 99 % ! Près des centres urbains, la majorité des étoiles se perdent sur un fond gris sombre au lieu de se détacher d’un arrière-plan noir profond, même après que notre vision s’est acclimatée à la noirceur. Nombre de personnes n’ont jamais vu le ruban de la Voie lactée autrement qu’en photo. Ce monument du patrimoine naturel planétaire nous fait sentir à la fois minuscules et en connexion avec l’Univers, au point que nous avons longtemps cru que notre destin était inscrit dans les étoiles.

La pollution lumineuse ne fait pas qu’attrister les astronomes de métier ou de fin de semaine. Elle affecte aussi les animaux, y compris les insectes, et les plantes. Elle perturbe leurs rythmes biologiques circadiens, qui s’appuient en partie sur les changements de luminosité entre le jour et la nuit, de même que leur reproduction.

La pollution lumineuse rend aussi la vie plus difficile aux proies ou aux prédateurs qui profitent de la noirceur pour se dissimuler. Même dans l’eau ! Pour fuir la clarté de certains secteurs côtiers et aller se cacher dans l’obscurité, des poissons s’aventurent au large dans des zones moins propices pour eux, ce qui perturbe du même coup les chaînes alimentaires du littoral. D’autres exemples ? Les oiseaux migrateurs qui se fient à des repères lumineux sont détournés de leur trajectoire par des sites trop brillants. Ces derniers affectent également les nombreux insectes pollinisateurs nocturnes. Enfin, l’éclairage artificiel attire vers l’intérieur des terres les tortues de mer, qui éclosent pendant la nuit. Pour leur survie, celles-ci devraient plutôt se diriger vers la mer, guidées par la lueur du ciel au-­dessus de l’horizon. Cette tortue en danger d’extinction symbolise désormais la menace de la pollution lumineuse.

D’après une étude de 2023, cette pollution s’est accrue de 10 % par année entre 2011 et 2022 en Amérique du Nord. Des gens du public y comparaient au fil des années les astres qu’ils voyaient avec des cartes montrant les étoiles censées être visibles selon le niveau de bruit de fond lumineux. Parmi les coupables, l’étalement urbain, et les ampoules à diode électroluminescente (DEL). À cause de leur faible consommation d’énergie, elles remplacent rapidement les ampoules traditionnelles dans les villes. Et certaines municipalités profitent des économies réalisées pour installer plus de lampadaires. On pense aux rues et aux parcs, mais aussi aux installations sportives et à leurs spots ultrapuissants.

Heureusement, il se crée de plus en plus de « lieux internationaux de ciel étoilé » d’un bout à l’autre du monde, soit des zones où on protège le ciel et l’environnement nocturne de la pollution lumineuse. Ces lieux reçoivent leur certification, dans cinq catégories différentes, de l’organisme Dark Sky. Le premier lieu ainsi reconnu au monde, avec la certification de réserve inter­nationale, a été celui du mont Mégantic, en Estrie, en 2007. Son existence est justifiée par la présence à son sommet d’un télescope consacré à la recherche astronomique. On compte aujourd’hui plus de 200 lieux certifiés par Dark Sky sur toute la planète.

Ces lieux protégés contribuent aussi à attirer les « astrotouristes ». Ainsi, la réserve du mont Mégantic bénéficie aux visiteurs et visiteuses du parc national du même nom. Ailleurs au Québec, au cœur de Sherbrooke, le mont Bellevue a obtenu sa certification de zone protégée en milieu urbain en 2022. Et le parc international de ciel étoilé du Mont-Tremblant a été certifié en 2023.

De leur côté, les municipalités et la population peuvent contribuer en baissant l’éclairage quand il n’est pas nécessaire. Et en s’éclairant avec des luminaires qui projettent peu ou pas de lumière vers le ciel. Dark Sky propose aussi des certifications pour de tels équipements. Toutefois, ceux-ci comptent souvent sur des ampoules à DEL. Il vaut alors mieux privilégier les DEL émettant une lumière plus jaune. Celles produisant une lumière blanche perturbent davantage la physiologie des animaux… et des humains.

Par exemple, cette lumière blanche contient un pourcentage important de lumière bleue. Or, celle-ci est pour nous une cause d’insomnie. C’est pour ça qu’on nous recommande d’éteindre nos écrans au moins une demi-heure avant d’aller nous coucher.

Une nuit bien noire, c’est une question de santé pour toute la biodiversité, nous y compris !

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