Fantasmes: du côté de l’interdit
Les critiques sont unanimes: le roman est mal écrit, les dialogues sont navrants et l’histoire est banale. Pourtant, jamais un livre ne s’est vendu aussi vite ni aussi bien. Quatre mois après sa sortie, en 2012, Fifty Shades of Grey ( Cinquante nuances de Grey , en français) s’était déjà écoulé à 25 millions d’exemplaires. Aujourd’hui, plus de 100 millions de copies de la trilogie d’Erika L. James ont été vendues dans le monde, traduites en 51 langues. Et le film éponyme vient de sortir sur grand écran, juste à temps pour la Saint-Valentin.
La recette de ce succès? Un effet médiatique boule de neige, sans doute, mais surtout un mélange bien dosé de romance passionnée et de scènes érotiques, voire pornographiques. L’histoire fait la part belle aux clichés, en dépeignant les ébats d’une étudiante innocente et d’un millionnaire viril, Christian Grey, adepte du fouet et de la fessée. En clair, le roman parle de sexe. Et il parle aux femmes.
Et c’est là ce qui a fait couler tant d’encre: l’ampleur du phénomène Cinquante nuances de Grey en dit long sur l’imaginaire fantasmatique de la gent féminine, émoustillée par les scènes de bondage, les jeux de soumission et autres activités sadomasochistes. Scandale? Perversion? Ou simple reflet d’une sexualité libérée?