Photo: Royal Tyrell Museum
Une défense de mammouth par ci, un crâne de T. rex par là… Les paléontologues nous font voyager dans le temps en dénichant de très vieux ossements.
Sur les sites de fouilles ou en laboratoire, ils étudient les fossiles d’animaux et de végétaux qui ont vécu sur Terre plusieurs millions d’années avant nous.
Grâce à eux, on peut imaginer à quoi ressemblait notre planète lorsque la vie y est apparue, puis comment les espèces vivantes y ont évolué.
Leurs recherches nous permettent de découvrir comment les nageoires de nos lointains ancêtres poissons sont devenues des pattes. Ou pourquoi les oiseaux ont des ailes…
François Therrien, paléontologue
François Therrien est paléontologue depuis 2006 au célèbre Musée Royal Tyrrell de Drumheller, en Alberta. Originaire de la rive sud de Montréal, son travail consiste à trouver des fossiles de dinosaures dans les badlands et à les étudier en laboratoire.
En 2008, lui et des collègues ont découvert le premier dinosaure à plumes d’Amérique du Nord, un Ornithomimus de 4 mètres de long particulièrement bien préservé. Avant cela, tous les dinosaures à plumes provenaient de Chine. C’est grâce à cette découverte qu’on sait maintenant que tous les dinosaures carnivores étaient probablement emplumés !
Articles parus dans Québec Science pour lesquels François a été interviewé:
Bande d’emplumés ! (19 septembre 2013)
Dinosaures : avaient-ils tous des plumes ? (30 mars 2017)
Ces dinosaures qui vivaient aux pôles Nord et Sud (15 septembre 2022)
Le dernier repas d’un jeune tyrannosaure canadien (7 avril 2024)
Tyrannosaures : voici comment ils ont conquis la planète (20 février 2025)
Entrevue
Entrevue avec François
Il n’y a pas beaucoup de grands fossiles au Québec. D’où te vient cet intérêt pour la paléontologie ?
Quand j’étais tout jeune, je lisais des livres sur les dinosaures et ça me fascinait. Avant l’âge de 10 ans, je savais déjà que je voulais devenir paléontologue. C’est un rêve de jeunesse duquel je ne me suis jamais détourné. J’ai dû voyager pas mal pour me former, étant donné la rareté des professeurs de paléontologie au Québec.
Qu’est-ce qui t’intéresse le plus chez les dinosaures ?
Contrairement à d’autres, qui s’intéressent aux caractéristiques physiques des dinosaures, je m’intéresse plutôt à leur mode de vie et à l’environnement dans lequel ils vivaient. Montrez-moi un os et je vous dirai ce que faisait son propriétaire.
Il y a des millions d’années, le climat du centre du Canada ressemblait plutôt à celui de la Floride, donc les dinosaures n’ont pas connu nos hivers. Certains cadavres y étaient enfouis, pour être recouverts de sédiments qui se solidifiaient progressivement. L’Alberta constitue l’un des plus fantastiques cimetières de dinosaures au monde !
Décris-nous un peu la paléontologie d’aujourd’hui.
C’est une science à la fois ancienne et très moderne. On utilise les bons vieux marteaux et pinceaux, des microscopes standard et des loupes, comme autrefois. Mais on se sert aussi de microscopes à balayage électronique très performants, de scanners pour voir l’intérieur des ossements, des numériseurs 3D, de puissants ordinateurs…
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite devenir paléontologue ?
Peu importe ce que les gens te diront, persévère dans cette voie. Il faut écouter ses passions, faire ce qu’on aime ! Les emplois sont plutôt rares dans ce domaine et les chances sont minces, c’est pourquoi il faut être engagé à l’école, être dédié, être passionné… Il faut une super curiosité, toujours vouloir en savoir plus.
As-tu une petite anecdote à nous raconter ?
Lorsqu’on a trouvé ce dinosaure en 2008, on pensait que c’était un Ornithomimus comme les autres. En le dégageant de la pierre, j’ai remarqué d’étranges impressions dans les sédiments, un peu comme des petites feuilles d’arbre. À la blague, j’ai lancé à mes collègues : « Si nous étions en Chine, je dirais que ce sont des plumes ! » Plus tard au labo, nous avons été bien surpris de découvrir qu’il s’agissait réellement de plumes ! On venait de découvrir le premier dinosaure à plumes d’Amérique du Nord.
Journée type
Une journée dans la vie de François
Pour un paléontologue comme François Therrien, les jours se suivent et ne se ressemblent pas!
Un mois peut se dérouler sur le terrain à dégager des fossiles et à dormir sous la tente, alors que l’hiver il travaille surtout au Musée Royal Tyrell où se trouve son laboratoire.
Chose certaine, il ne doit pas avoir peur de l’avion, car il doit souvent voyager : les formations fossilifères se trouvent partout dans le monde, de même que les autres musées.
Études
Le parcours académique de François
François a fait son DEC au cégep en science de la nature, puis son baccalauréat en géologie à l’Université de Montréal. Il est ensuite parti faire une maîtrise à l’Université du Rhode Island, puis un doctorat au Maryland.
Mais d’autres chemins sont possibles.
Au cégep :
DEC en sciences de la nature (sciences pures et appliquées ou sciences de la santé et de la vie)
OU
DEC dans la famille des techniques physiques ou biologiques
OU
DEC technique et certains cours préalables.
À l’université :
Baccalauréat en géologie ou en biologie (3 ans).
Maîtrise en paléontologie (2 ans).
Il faut normalement poursuivre avec un doctorat en paléontologie (environ 3 ans)
S’il veut enseigner à l’Université, le paléontologue doit obligatoirement détenir un doctorat.
Et après ?
Un paléontologue peut travailler à son compte, pour un musée, pour le gouvernement, pour l’industrie minière ou l’industrie pétrolière, pour une municipalité, enseigner à l’Université…
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