Photo: Jakub Zerdzicki @ pexels.com
Une voiture de course roule sur une flaque d’eau, un ballon tombe d’une table, un soldat transporte un collègue blessé… Dans le domaine des jeux vidéo, toutes ces situations nécessitent une programmeuse ou un programmeur spécialisé en physique.
Son rôle: rendre le jeu réel, donner leur poids aux objets, décider à quelle vitesse une pomme tombe de son arbre. Un métier où l’on a parfois l’impression de jouer à Dieu !
Julien Desaulniers, programmeur de jeux vidéo
Depuis 2004, Julien Desaulniers travaille chez Ubisoft Montréal en tant que programmeur de jeux vidéo. Après avoir obtenu un baccalauréat en génie informatique à Polytechnique, ce passionné des mathématiques a choisi de poursuivre à la maîtrise en intelligence artificielle à l’Université de Montréal.
Articles parus dans Québec Science en lien avec la profession de programmeur de jeux vidéo:
Les jeux vidéo, bons pour la santé ? 23 octobre 2023
Toucher la réalité virtuelle grâce aux technologies haptiques 5 mai 2023
L’ancêtre de tous les jeux vidéo 17 juin 2022
Comprenez-vous le langage des jeux vidéo? 20 janvier 2021
L’empreinte carbone des jeux vidéo 22 novembre 2019
Entrevue
Entrevue avec Julien
Quand tu étais au secondaire, que voulais-tu faire comme métier?
Je rêvais de devenir astronaute ou vedette rock! J’avais des idées de grandeur. Chose certaine, j’avais un intérêt poussé pour les mathématiques et la logique. Et quand j’ai dû m’inscrire au cégep, j’ai choisi les sciences de la nature. En fait, j’ignorais encore ce que je voulais faire, je voulais repousser le moment du choix et me garder beaucoup de portes ouvertes pour la suite.
Comment en es-tu arrivé à choisir la profession de programmeur de jeux vidéo?
Après mes études collégiales, j’hésitais entre le baccalauréat en génie informatique et celui en génie mécanique. J’avais envie d’apprendre à construire des choses dont la société bénéficierait. J’ai finalement choisi le génie informatique qui m’apparaissait plus concret.
Passais-tu beaucoup d’heures sur ta console de jeux quand tu étais plus jeune?
J’étais un joueur modéré, mais la passion du jeu vidéo m’a rattrapé!
Qu’aimes-tu le plus de ton travail?
J’aime le sentiment du pouvoir collectif. J’aime faire partie d’une équipe qui construit quelque chose qui va émerveiller les gens. On propose un monde dans lequel les fans vont s’amuser et se divertir.
Quelles qualités sont essentielles pour devenir programmeur de jeux vidéo ?
Il faut avoir un goût pour les mathématiques, c’est certain. Être programmeur demande aussi d’être rigoureux et très perfectionniste. L’important se joue dans les détails. Il ne faut pas en négliger un seul. Il faut aussi être prêt à tester, retester et encore tester les programmes pour s’assurer de leur bon fonctionnement. Il est nécessaire de penser à tous les scénarios possibles pour éviter les mauvaises surprises.
Aurais-tu un conseil à donner à quelqu’un qui s’intéresse à la profession de programmeur de jeux vidéo?
Avant de vous lancer dans une formation pour devenir programmeur, allez sur le Web et amusez-vous à construire des programmes, pour apprendre des concepts. Il existe des moteurs de jeux vidéo à télécharger. Ça vous donnera un aperçu du travail de programmeur. Je lance aussi un appel à toutes les jeunes filles intéressées par la programmation, les mathématiques et les jeux vidéo. La proportion de filles programmeuses est très basse sur le marché. Sachez que plus une équipe est variée, plus elle est forte. Les filles sont plus que bienvenues dans la profession! Osez cogner aux portes des entreprises!
Journée type
Une journée dans la vie de Julien
Difficile pour Julien de raconter une journée type. « C’est d’ailleurs ce qui rend mon travail très intéressant! Il n’y a pas deux journées pareilles. »
En plus de travailler de concert avec les membres de son équipe dans les bureaux de Montréal, il doit aussi collaborer avec des gens de plusieurs pays. Pendant qu’il dort ici au Québec, d’autres travaillent sur le même projet que lui de l’autre côté de l’océan. « Quand j’arrive le matin, je dois me mettre à jour sur les modifications faites pendant la nuit. »
Julien doit parfois éteindre quelques feux si les concepteurs rencontrent des problèmes majeurs. Tout est dans la coopération. Le programmeur est aussi chargé de continuer le développement des nouvelles fonctionnalités d’un jeu déjà commercialisé. « Nouvelles armes, nouveaux ennemis, tout ça me passe entre les mains. »
L’équipe de Julien est pluridisciplinaire. Chacun sa spécialité. Mais pour que tout fonctionne, la communication dans l’équipe doit être optimale. « Il y a beaucoup de communication à assurer avec beaucoup de monde! Tous ces échanges sont nécessaires pour mener à bien un projet. » D’autant que plusieurs jeux sont en développement en même temps. D’où l’importance de mettre en commun et de partager l’information cruciale avec tous les gens impliqués dans chacun des projets. Un bon sens de l’organisation est gage de succès.
À la fin d’une journée de travail, Julien peut rayer quelques tâches de sa liste. Cependant, un jeu ne se construit pas en une journée ou en une semaine. « Tout dépend de la plateforme pour laquelle le jeu est développé. Un jeu disponible sur une application mobile peut demander de 3 à 6 mois de travail. Mais un jeu majeur comme Assassin’s Creed, disponible entre autres sur Xbox et PlayStation, demande près de 5 années de travail ! C’est un travail de longue haleine, mais ô combien satisfaisant. »
Études
Le parcours universitaire de Julien
Julien a complété son DEC en sciences de la nature, puis a poursuivi au baccalauréat en génie informatique. Il a enchaîné avec une maîtrise en intelligence artificielle.
Plusieurs chemins peuvent mener à la profession.
D’abord, il existe plusieurs programmes techniques:
– Techniques de l’informatique – Programmation de jeux vidéo (DEC ou DEC+BAC), offert au Cégep de Ste-Foy.
– Techniques d’intégration multimédia, offert aux cégeps de Matane, de Jonquière, de Ste-Foy, de Maisonneuve, de l’Outaouais, de St-Jérôme et Édouard-Montpetit.
– Techniques de l’informatique (DEC-BAC)/ Conception de jeux vidéo (BAC avec majeure), offert aux cégeps de Chicoutimi, de Jonquière, d’Alma, de Sept-Îles et à l’Université du Québec à Chicoutimi.
Pour les formations universitaires, il faut d’abord compléter un DEC au cégep en sciences naturelles, puis entrer au baccalauréat en:
– Conception de jeux vidéo (Bac avec majeure)/Création 3D/ Computer games, offert à l’Université du Québec à Chicoutimi, à l’Université Concordia et à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.
– Informatique, offert dans plusieurs universités québécoises
– Génie logiciel, offert dans plusieurs universités québécoises
