Quelque part, dans ma lointaine jeunesse, je me suis mis à rouler, à marcher, à voler. Et j’ai vu l’immensité de l’Amérique, la fatigue de l’Europe, le courage de la Russie, les montagnes de Tbilissi en Géorgie, le sable rouge de l’Afrique du Nord, l’église Sainte-Sophie en Turquie, la pierreuse Yougoslavie, la « bouette » de l’Ukraine. J’ai découvert la blancheur de l’Espagne, la douceur de l’Italie, le liège du Portugal, le tramway de San Francisco, le palmier de Los Angeles, avant de me perdre dans les brumes de l’Islande, les pins gris de la Finlande, et puis, bien sûr, les lumières du Nord.
Avec mon fils de 12 ans, nous avons roulé de Montréal à Albuquerque et de San Diego à Montréal, en passant par le Wyoming. Cela ne m’a pas suffi. J’ai épuisé la route entre Montréal et Anchorage en Alaska, toujours avec mon fils, comme si de rien n’était. Puis, d’autoroutes en Interstates , j’ai voyagé dans tous les États américains, hormis le Tennessee. j’ai roulé dans toutes les provinces du Canada, dans leur nord, dans leur sud; autant de villages, de forêts, de marécages.
Le voyage cessa d’être un événement, une parenthèse, une sortie; il devint simplement ma vie.