Étienne Artigau a esquissé un léger sourire quand il a épluché les nouvelles scientifiques, le mois d’octobre dernier. Une équipe états-unienne, annonçait-on, avait découvert la toute première planète flottante de l’Univers. Baptisée PSO J318.5-22, elle n’était en orbite autour d’aucune étoile et voguait librement dans l’espace. On soupçonnait depuis une dizaine d’années l’existence de telles planètes, mais aucune n’avait encore été identifiée à ce jour.
Pourquoi le sourire d’Étienne Artigau? Parce que, un an plus tôt, son équipe de l’Université de Montréal, en collaboration avec des chercheurs de Grenoble, avait aussi rapporté avoir découvert la toute première planète flottante de l’Univers. Il s’agissait d’un autre objet céleste et le groupe franco-québécois l’avait baptisé CFBDSIR2149.
«La course aux superlatifs est forte en astronomie, s’amuse Étienne Artigau. Ça sonne bien de dire qu’on a trouvé la planète la plus lointaine, la plus vieille, la plus froide… Ou la première planète d’un nouveau genre. Ça fait de beaux titres dans les journaux.»
Étienne Artigau ne prête pas de mauvaise intention à Michael Liu, l’astronome de l’université d’Hawaii qui a annoncé la découverte de PSO J318.5-22, et avec lequel il a collaboré dans le passé. «Ce n’est sûrement pas lui qui a claironné qu’il avait découvert la première planète flottante, avance-t-il.