Convenons de ceci, qui est une approximation suffisante pour ce qui suit : les sciences empiriques étudient des faits, en cherchant à y découvrir des régularités qu’elles exprimeront, le cas échéant, par des lois, idéalement mathématisées. Ces lois permettront notamment de faire des prédictions.
Dans une science empirique suffisamment développée, on expliquera ces faits et ces lois par de vastes ensembles de concepts abstraits interreliés, appelés théories. Les théories de l’évolution, de la gravitation universelle ou de la relativité restreinte en sont de fameux exemples.
Au moins deux profondes et graves questions, intimement liées l’une à l’autre, se posent à propos des théories.
Théories et démarcation
Première question : qu’est-ce qui relie les concepts abstraits de la théorie aux faits et aux lois et qui, partant, autorise leur introduction ?
Deuxième question : comment distinguer entre l’invocation légitime et l’invocation illégitime de tels concepts abstraits – en d’autres termes, entre une théorie scientifique et une théorie pseudoscientifique ? C’est ce qu’on appelle le problème de la démarcation – entre science et pseudoscience.
Plusieurs propositions ont été avancées en réponse à ces deux questions. La plus célèbre est celle que propose le philosophe des sciences Karl Popper (1902-1994).
La psychanalyse, la conception marxiste de l’histoire et la relativité générale sont toutes trois de vastes ensembles de concepts abstraits interreliés prétendant expliquer faits et lois.