C’est connu, l’art a de multiples bienfaits. C’est pourquoi deux projets de recherche misent sur la formation des personnes qui étudient en enseignement pour donner la piqûre de la culture aux plus jeunes.
Le corps professoral est bien placé pour allumer des étincelles culturelles chez les élèves, puisqu’il est à même d’intégrer différentes œuvres au sein du cursus scolaire. Par exemple, une pièce de théâtre peut transmettre du savoir sur l’histoire et une œuvre picturale peut évoquer des notions de géométrie. Mais pour transmettre une passion, il faut d’abord la développer.
C’est dans cette optique que le projet de recherche « Passeurs culturels de l’UQO », lancé l’automne dernier à l’Université du Québec en Outaouais (UQO), offre des sorties culturelles gratuites aux personnes inscrites aux programmes d’études en éducation.
« On a l’ambition d’élargir leurs habitudes culturelles, explique la responsable de l’initiative, Judith Émery-Bruneau, professeure au Département des sciences de l’éducation. Je prends l’exemple de la danse contemporaine : ce n’est peut-être pas ce qui attire le plus nos étudiants. En revanche, si on leur offre des billets de spectacle, peut-être que ça peut piquer leur curiosité. »
Le projet « Médiateurs culturels à l’UQTR » de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) s’est donné la même mission. « On forme la relève », se réjouit la professeure au Département des sciences de l’éducation Marie-Claude Larouche, qui pilote depuis 2020 cette recherche avec ses collègues Marie-Hélène Forget, Mélodie Simard-Houde et Anne-Sophie Bally. Afin de documenter en temps réel leur cheminement, les personnes qui y participent ont accès à une application mobile nommée eCompagnonCulturel.
Des retombées positives
Ces deux initiatives s’inspirent du projet-pilote* « Passeurs culturels », lancé par le professeur de l’Université de Sherbrooke, Martin Lépine. Le rapport d’activité de son expérience, qui s’est échelonnée de 2017 à 2020, fait part de nombreuses retombées positives. Entre autres, 92,6 % des participants et participantes y ont affirmé avoir l’intention de fréquenter davantage les salles de spectacles après leurs études.
En attendant les résultats des recherches de l’UQTR et de l’UQO, qui s’échelonneront respectivement jusqu’en 2025 et 2027, leurs responsables assurent qu’elles génèrent déjà un bel enthousiasme auprès des futurs profs. « Il y a un intérêt, il y a des coups de cœur… C’est nettement positif », soutient Marie-Claude Larouche, qui a elle-même œuvré dans le milieu culturel, notamment au Musée McCord à Montréal, avant de faire le saut en enseignement.
Selon elle, cette transmission entre le corps enseignant et les élèves est essentielle à la « survie de la culture francophone au Québec ». En valorisant la culture sur les bancs d’école, les élèves du primaire sont également encouragés à développer leur propre expression artistique, mentionne-t-elle.
Après tout, les arts sont un miroir de la société. « La culture, c’est la vie, s’enthousiasme Judith Émery-Bruneau. Ça nous amène à réfléchir à des enjeux sociaux et sensibles qui sont porteurs de valeurs et de réflexions. »
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*Correction (9 avril 2024): L’initiative ne s’est pas limitée au projet-pilote. Le programme Passeurs culturels de l’Université de Sherbrooke connaît toujours un vif succès.