Une application mobile développée au Québec pourrait bientôt aider les jeunes à passer au travers de moments difficiles.
L’autogestion en santé mentale, ça vous dit quelque chose ? C’est une approche actuellement très en vogue et appuyée par la recherche scientifique qui consiste à agir soi-même pour son mieux-être. Une variété d’outils existe, dont un portail numérique pour les adultes conçu au Québec et validé par la science. Mais pour les jeunes ? Rien de tel. Pourtant, « l’adversité, ça touche tout le monde », estime Janie Houle, professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal.

Janie Houle, professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal Photo: Nathalie St-Pierre
La psychologue communautaire, qui a conçu l’outil pour les adultes appelé Aller mieux à ma façon en 2019, travaille au développement d’une nouvelle version pour les jeunes de 12 à 18 ans qui sera entièrement gratuite. Car l’outil pour adulte ne convient pas aux adolescents et adolescentes. « Les stratégies qu’ils utilisent ne sont pas les mêmes que celles des adultes », affirme-t-elle.
Lors de consultations, les plus jeunes ont par exemple mentionné avoir recours aux réseaux sociaux et au monde virtuel pour favoriser leur santé mentale, « ce dont les adultes n’ont pas du tout parlé », dit Janie Houle.
De plus, Aller mieux à ma façon vient surtout en aide aux personnes souffrant de troubles anxieux ou dépressifs. La version jeunesse sera plus inclusive : elle sera développée dans l’optique qu’il arrive à tout un chacun « d’avoir de moins bonnes journées ».
Il y aura donc des différences sur le fond, mais aussi sur la forme. Si Aller mieux à ma façon se trouve en ligne, l’outil qui sera offert aux jeunes prendra la forme d’une application mobile développée avec et pour eux. En effet, la conceptualisation de l’appli se fait en collaboration avec les adolescents eux-mêmes.
La professeure Houle affirme que les jeunes consultés ne veulent pas de la « version jeunesse d’un outil pour adultes ». Le leur sera beaucoup plus interactif.
« La version jeunesse sera plus inclusive : elle sera développée dans l’optique qu’il arrive à tout un chacun d’avoir de moins bonnes journées. »
Janie Houle, professeure au Département de psychologie de l’Université du Québec à Montréal
Un besoin criant
Une étude de l’Institut national de la recherche scientifique réalisée pour la fondation Jeunes en tête en 2019 a révélé que plus du tiers des adolescents présentent un niveau élevé de détresse psychologique. Un enjeu qui a crû pendant la pandémie, croit Janie Houle, qui estime que les adolescents ont plus que jamais besoin de soutien pour s’aider eux-mêmes.
« L’autogestion, on en fait tous en quelque sorte », affirme la professeure, qui voit dans cette stratégie une façon efficace pour quiconque de reprendre le contrôle sur sa santé. Elle note par ailleurs que l’autogestion est utilisée depuis des décennies chez les personnes souffrant de maladies physiques chroniques, comme le diabète. L’application de ce concept aux troubles de santé mentale est plus récente, mais l’objectif est le même : éviter que la situation se détériore.
L’application mobile sur laquelle travaille Janie Houle devrait être disponible dès 2024.
Illustration: Sophie Benmouyal