En 2021, l’UQAT a pu rescaper des milliers de spécimens de végétaux et d’animaux, une collection qui garde les secrets de la biodiversité de l’une des plus jeunes régions du Québec !
C’était bien avant que l’Abitibi-Témiscamingue se dote d’une université. Dès les années 1960, les jeunes Témiscabitibiens s’initient à la nature au camp-école à vocation scientifique Chicobi, près d’Amos. Au fil des années, des centaines de personnes ont ainsi participé à l’élaboration d’un herbier touffu et d’une collection d’animaux, dont a hérité l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT).
Le camp Chicobi, c’est aussi beaucoup l’histoire du chanoine André Asselin. Alors qu’il étudie au séminaire de Joliette, il consacre ses vacances estivales à récolter des plantes à La Sarre. Selon le professeur de biologie retraité du collégial Pierre Martineau, auteur des Plantes de l’enclave argileuse Barlow-Ojibway en 2022, « ses premières récoltes remontent à 1941 ».
« Le fait que ce soit amené par les religieux reflète bien l’historique de la science au Québec, fait valoir Nicole Fenton, directrice de l’Institut de recherche sur les forêts. Il y a la Flore laurentienne du frère Marie-Victorin, mais il y a aussi le frère Leblanc [l’un des premiers bryologues et lichénologues du Québec]. »
C’est Nicole Fenton que la première nation Abitibiwinni, qui a racheté les installations du camp-école pour en faire une pourvoirie et protéger le territoire, a contactée pour le don. Don qui a été accepté avant même de savoir si l’UQAT avait l’espace pour l’accueillir !
« Le chanoine Asselin est l’un des plus grands contributeurs », pré-cise l’auxiliaire de recherche Julie Arseneault, qui s’affaire à monter une base de données pour répertorier les milliers de spécimens de plantes, d’insectes et autres animaux recueillis au fil des ans.
Un legs précieux pour la science
Pour Nicole Fenton, la collection incarne une forme d’indépendance dans la conservation et la compréhension de la biodiversité régionale. « Elle a été construite par des gens qui vivent ici. Pour moi, c’était vraiment important qu’elle reste en Abitibi. »
Divers travaux de recherche pourront en émerger. Par exemple, les scientifiques pourront observer la manière dont les plantes ont évolué dans le temps, selon les pressions exercées par les activités humaines et les changements climatiques.
Julie Arseneault rêve aussi de collaboration avec d’autres institutions. Et surtout, de permettre au public de se frotter à la collection, voire de l’enrichir !
Sur la photo: Collection du camp-école Chicobi. Photo: Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue
L’empailleur mystère
La collection Chicobi compte une centaine de spécimens empaillés et autant de spécimens conservés dans le formol. Mais l’identité du taxidermiste qui a su immortaliser ces bêtes demeure inconnue. « Ça fait partie des mystères de la collection. Je déplore aussi qu’on n’ait pas d’historique de ces animaux », indique Julie Arseneault, avant d’émettre l’hypothèse qu’il s’agit peut-être d’animaux morts accidentellement. « La collection de strigidés, tous les hiboux, les chouettes, est vraiment exhaustive. C’est vraiment une rareté ! » Peut-être trouvera-t-elle des indices en épluchant les vieux journaux du camp-école Chicobi dans lesquels sont conservés les spécimens de plantes ?