À l’occasion de son 150e anniversaire, Polytechnique Montréal vous invite à découvrir ses huit pôles d’excellence, dont celui qui concerne les technologies de l’information et les communications. Découvrez les autres textes de la série.
Le monde de demain sera celui de l’Internet des objets. Ville intelligente, métavers et réalité augmentée seront les piliers qui soutiendront notre monde technologique. Une question s’impose : le réseau pourra-t-il suivre une telle demande de transfert d’information ?
« Si on veut que ces avancées technologiques se réalisent, il faut que l’accès à l’information s’accélère, souligne Brunilde Sanso, professeure au Département de génie électrique de Polytechnique Montréal. Pour cela, il faut surmonter des défis importants en lien avec la performance, la fiabilité et l’impact environnemental du réseau sur lequel circuleront les données nécessaires au fonctionnement de ces technologies. »
Ces enjeux, peu connus du grand public, sont un des champs d’expertise des spécialistes du pôle d’excellence en technologies de l’information et communications à Polytechnique Montréal. Ces scientifiques travaillent aussi à mettre en place et à gérer les réseaux de l’avenir, du matériel physique jusqu’aux applications sur votre cellulaire, en passant par l’utilisation de l’intelligence artificielle pour décrypter leur fonctionnement et leurs limites.
« Pour qu’une conversation vidéo fonctionne naturellement, on peut tolérer un délai d’au plus 150 millisecondes entre le moment où l’information est envoyée et celui où elle arrive sur votre écran, donne comme exemple la professeure Sanso. Le réseau actuel peut y parvenir sans problème. Mais si on veut passer au métavers, où on interagit avec des objets virtuels de façon tactile, le délai maximal pour une bonne expérience devra être de moins de 10 millisecondes. À ces niveaux, même la vitesse de la lumière commence à être une limite. »
Jusqu’à maintenant, le réseau a suivi la demande… mais au prix d’une complexité toujours plus grande, notamment avec l’augmentation continuelle du nombre d’antennes émettrices, une décentralisation des centres de données, en plus d’une multiplication du nombre de petits fournisseurs gérant chacun sa part d’un réseau toujours plus gourmand en énergie — et donc en émissions de gaz à effet de serre.
C’est dans cette soupe problématique que les travaux d’une chercheuse comme Brunilde Sanso prennent tout leur sens. « L’idée est de prévoir quels seront les effets de différents événements sur la stabilité du réseau avant que ces événements n’aient lieu, explique la scientifique. À l’aide de simulations basées sur des données ouvertes, on entraîne des algorithmes qui peuvent ensuite nous informer, par exemple, des conséquences de l’arrivée d’une nouvelle technologie sur le réseau d’une ville en plus de tester comment différentes optimisations peuvent mitiger ces conséquences. »
Les informations obtenues sont ensuite utilisées par les fabricants de pièces, les opérateurs de réseau et les concepteurs d’applications afin d’optimiser les performances de leurs produits sur le réseau. « Ce qui est important à la fin de la journée, c’est que ces modifications améliorent l’expérience de l’utilisateur, tout en réduisant l’impact sur l’environnement. » Un jeu de coulisses sur lequel repose une bonne part des promesses d’un monde toujours plus connecté !
Photo en ouverture: la professeure Brunilde Sanso. Crédit: Caroline Perron