À l’occasion de son 150e anniversaire, Polytechnique Montréal vous invite à découvrir ses huit pôles d’excellence, dont celui qui concerne les transports et les infrastructures durables. Découvrez les autres textes de la série.
De quoi auront l’air nos déplacements dans le futur ? Pour les spécialistes de Polytechnique Montréal, ce n’est pas le type de véhicule, mais plutôt la complémentarité entre différents modes de transport empruntés lors d’un déplacement qui jouera un rôle crucial dans notre mobilité.
« Le futur du transport ne sera plus les cyclistes versus les automobilistes ou les piétons, affirme Catherine Morency, professeure au Département des génies civil, géologique et des mines. Il sera multimodal et plus raisonné. »
Les ingénieurs s’intéressent aux questions à la fois sociales, environnementales et économiques afin d’en voir les effets sur le transport pour guider la prise de décision. « Le réseau de transport dépend énormément des décisions politiques, ajoute la professeure Morency. Plus on a de bons outils et de bonnes données pour guider les preneurs de décisions, mieux c’est. »
La modélisation est la clé permettant de déterminer les facteurs qui influent sur l’efficacité des transports. « Elle montre l’ampleur de la différence entre la situation actuelle et différents scénarios optimaux », explique Catherine Morency. Parmi les modèles évoqués par la chercheuse, on en trouve un qui conclut qu’entre 20 et 25 % des déplacements au Québec pourraient être faits en marchant ou à vélo, en plus d’indiquer où le potentiel du transport actif est le plus important.
Un autre a montré que, si tout le monde offrait son véhicule personnel en autopartage, on pourrait retirer entre 600 000 et un million de voitures des routes québécoises. « C’est certain que ce sont des scénarios qu’on ne concrétisera pas dans la vraie vie, explique la chercheuse, mais plus les gains qu’on voit dans les modèles sont grands, plus on constate qu’il y a des choses qu’on fait très mal dans la réalité ! »
Les ingénieurs font aussi des simulations, notamment dans des plateformes ouvertes, pour évaluer les déplacements sur différents types de réseaux.
« Les gros projets de transport en commun sont étudiés sans qu’on connaisse les paramètres qui ont servi à évaluer leurs répercussions sur la demande et l’achalandage, se désole la professeure Morency. Les simulations permettent de faire des comparaisons et de vérifier quelle structure de réseau ou quel changement sur la route engendre le plus grand effet sur les déplacements. Nos partenaires faisant appel à ces simulations ont alors des indicateurs de l’efficacité et de la qualité globale des réseaux avant de transférer les acquis dans la réalité » avec la construction.
En étudiant la complémentarité, mais aussi la compétitivité entre les différents modes de transport, les scientifiques accumulent les données qui feront bouger les choses.
Photo en ouverture: Catherine Morency (au centre) et son équipe. Crédit: Denis Bernier