Cryopréservation: Organes sur la glace
Disposer de réserves illimitées d’organes pour sauver des vies, c’est le rêve de nombreux chercheurs qui s’inspirent de la nature pour tenter de congeler cœurs, foies et poumons.
Rana sylvatica ne paie pas de mine, mais elle a des pouvoirs dignes des plus grands héros de science-fiction. L’hiver, cette grenouille brune, qui vit tapie dans les forêts nord-américaines, cesse de respirer. Son cœur et ses fonctions vitales s’arrêtent. Son corps gèle presque entièrement, pour se réveiller au printemps, comme si de rien n’était.
Sa capacité à survivre à la congélation fascine Kenneth Storey, dont le laboratoire de l’université Carleton, à Ottawa, est l’un des leaders mondiaux en « cryobiologie ». Pour comprendre les mécanismes de résistance au froid, son équipe étudie Rana sylvatica sous toutes ses coutures depuis plus de 30 ans. Les congélateurs du labo regorgent de ces « frog-sicles », comme les surnomme le chercheur. Son but ? S’inspirer de l’amphibien pour, un jour, réussir à congeler des organes humains.
Pas d’histoire de Frankenstein en vue, mais plutôt une triste réalité : la médecine fait face à une pénurie constante d’organes . Cœurs, reins, poumons, foies peuvent être greffés pour sauver de nombreuses vies, mais encore faut-il en avoir sous la main.