Illustration: Katy Lemay
Des technologies récentes promettent d’augmenter les rendements agricoles sans nuire à l’environnement. Bienvenue dans l’ère des champignons qui ne brunissent pas, des tomates sans graines et du riz qui fleurit sur demande.
L’assiette n’est pas franchement appétissante, avec ses tagliatelles sans sauce parsemées de morceaux de chou. Mais elle est le symbole d’une révolution : elle contient le premier légume génétiquement modifié par la technique CRISPR-cas9 à faire l’objet d’une dégustation officielle.
Nous sommes en septembre 2016, en Suède, et Stefan Jansson, professeur de biologie végétale à l’université d’Umeå, s’offre un petit coup de pub en partageant avec un journaliste le chou « CRISPRy » qu’il a fait pousser dans sa cour. Mais, signe que la technique dérange, impossible de savoir qui a modifié les graines de chou; M. Jansson explique qu’elles lui sont venues d’un collègue étranger qui ne veut pas être identifié.
Le concept est pourtant simple : CRISPR-cas9 équivaut à une paire de ciseaux moléculaires qui permet de transformer le génome de tout organisme en un tournemain. Il repère le gène à modifier et le coupe. La cellule répare alors spontanément cette cassure en y insérant le matériel fourni par les scientifiques. Un véritable « hacking » de l’ADN !
Utilisée dans le monde de la recherche depuis cinq ans, la technique pourrait bientôt gagner l’assiette.