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27 août 2021
Temps de lecture : 3 minutes

Allergies saisonnières : de mal en pis à cause des changements climatiques

Image: PublicDomainPictures/Pixabay

Nez qui coule, yeux rouges et larmoyants, éternuements, gorge qui picote sans cesse… Les allergies saisonnières risquent de devenir plus intenses d’année en année. Quelques explications.

Ceux qui souffrent d’allergies saisonnières l’auront sans doute constaté, il y a beaucoup de pollen dans l’air. Les temps chauds favorisent le relâchement du pollen des arbres et des plantes dans l’air ambiant, causant du même coup bien des éternuements et des démangeaisons.

En effet, on observe une augmentation moyenne des niveaux de pollen depuis une dizaine d’années, selon Daniel Coates, directeur des Laboratoires de recherche d’aérobiologie, à Ottawa, une organisation qui surveille le niveau d’allergènes sur l’ensemble du territoire canadien.

« Ce phénomène pourrait être attribué aux changements climatiques. Les températures plus chaudes créent des saisons plus longues avec des périodes de libération du pollen plus longues », dit M. Coates.

À Montréal, par exemple, sur l’ensemble de l’année, le niveau de pollen serait deux fois plus élevé que l’an passé.

À noter qu’il y a trois « saisons » distinctes de production de pollen. « Cela commence au printemps avec le pollen des arbres. Ensuite, ce sont les graminées et présentement, c’est la saison de l’herbe à poux qui dure de la mi-août jusqu’à la fin octobre environ », mentionne le Dr Rémi Gagnon, président de l’Association des allergologues et immunologues du Québec.

Pour la saison du pollen des arbres, qui dure de mars à juin, Daniel Coates indique que l’année 2021 a été intense à Montréal. Cette période « a apporté au total plus de 40 000 grains de pollen par mètre cube, contre 16 377 l’an dernier », constate-t-il. Les années 2019 et 2017 ont été pratiquement aussi « florissantes » avec respectivement 35 421 grains/m3 et 32 234 grains/m3.

Quant à la saison actuelle de l’herbe à poux, le niveau cumulatif [données compilées jusqu’au 20 août] de pollen était de 1 598 grains/m3, ce qui est dans la moyenne des années précédentes à Montréal.

« À ce moment-ci de l’année, la quantité n’est pas vraiment plus élevée qu’en 2015 (où l’on avait 1 794 grains/m3). Cependant, cela pourrait changer dans les prochaines semaines. Le pollen de cette plante est considéré comme l’un des plus allergènes au Canada », rappelle M. Coates.

Pollen et climat

L’allongement de la période où les arbres et les plantes produisent du pollen ne risque pas de s’essouffler sous l’influence des changements climatiques, bien au contraire.

Dans une étude publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences en février dernier, des chercheurs américains ont analysé des données s’étalant de 1990 à 2018 provenant de 60 stations à travers l’Amérique du Nord. Leur constat : les saisons polliniques se sont prolongées de 20 jours et les concentrations de pollen ont augmenté de 20% sur cette période.

La hausse des températures ainsi que la concentration plus élevée en CO2 dans l’atmosphère favoriseraient en particulier la croissance de l’herbe à poux et la quantité de pollen produit, d’après un article publié en 2019 par l’Institut national de santé publique du Québec. « Les allergies aux pollens représentent une cause majeure de rhinite allergique saisonnière en Amérique du Nord, qui touche 17 % des adultes au Québec, et est en augmentation marquée depuis 30 ans », peut-on y lire. L’herbe à poux, à elle seule, est responsable de 50 à 90% des cas de rhinite.

Soulager les allergies saisonnières

Le système immunitaire perçoit le pollen comme un ennemi. « Lorsqu’on est exposé au pollen, cela déclenche une réaction allergique au niveau de notre nez, de nos poumons et de nos yeux. Cela peut provoquer des symptômes de rhinoconjonctivite allergiques [qui touchent à la fois le nez et les yeux] », explique Rémi Gagnon, médecin allergologue.

Si l’on connaît bien les symptômes habituels, comme le nez qui coule et les yeux qui piquent, les allergies saisonnières peuvent également provoquer « de la fatigue, de l’irritabilité, des problèmes de concentration et des troubles du sommeil. »

Pour mieux passer à travers la saison des allergies, il est recommandé d’éviter d’aller à l’extérieur lors des périodes chargées de pollen, de garder le plus possible les fenêtres de son domicile fermées et d’empêcher la croissance de l’herbe à poux en l’arrachant.

Le Dr Rémi Gagnon préconise aussi l’hygiène nasale avec une solution saline. « L’allergène déclenche une réaction du système immunitaire lorsqu’il se dépose sur la muqueuse nasale. Cela peut être utile de se nettoyer quotidiennement le nez quand on est exposé au pollen. »

Le médecin de famille peut également prescrire des corticostéroïdes nasaux pour soulager la muqueuse nasale. « Les antihistaminiques sont le traitement de secours pour soulager les symptômes. Lorsque tout ça n’est pas suffisant, c’est à ce moment qu’on va commencer à parler de protocoles de désensibilisation pour les cas modérés à sévères », mentionne le médecin. Ce traitement d’immunothérapie consiste à administrer, de façon répétée, l’allergène à la personne pour la désensibiliser en débutant par de petites doses.

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