Quand ça va mal, ils s’inquiètent; quand ça va bien, ils s’inquiètent aussi. Que se passe-t-il donc dans la tête des anxieux?
Elle n’a lâché prise qu’une fraction de seconde. Juste assez pour que son ballon gonflé à l’hélium glisse de ses petits doigts d’enfant de quatre ans et s’envole. Plus il s’éloigne, plus grossit la boule d’angoisse dans son ventre à elle. «C’était la fin du monde. J’ai fait une crise monumentale, des heures durant», se souvient Émilie Sarah Caravecchia. Elle venait d’affronter son premier épisode d’anxiété.
Dans la vingtaine, ce n’est plus un ballon qu’elle craint de perdre, mais la tête. Elle s’inquiète alors, à outrance, pour tout et pour rien. Pour ses relations, ses finances, son appartement qui pourrait brûler, etc. Elle essaie toutes sortes d’astuces pour apaiser ses angoisses, dont le yoga.
«Pire erreur! Moi, toute seule dans ma tête? Le petit hamster qui s’agite dans mon crâne a juste plus de temps pour penser à tout ce qui pourrait arriver de terrible.» Puis elle reçoit un diagnostic de trouble d’anxiété généralisée. Cela signifie que son bouton d’alarme intérieur est ultra sensible.
«Encore aujourd’hui, dit cette professeure de littérature de 34 ans, quand je suis en crise d’anxiété, je me coucherais en boule et je me bercerais.