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17 janvier 2022
Temps de lecture : 2 minutes

COVID-19 et grippe : pourquoi il faut éviter l’emploi du terme flurona

Image: Pixabay

Ce flurona qui fait les manchettes n’est ni une nouvelle maladie ni un nouveau variant du virus de la COVID-19.

Au début de l’année, un journal israélien a rapporté le cas d’une femme enceinte souffrant d’une double infection de COVID-19 et de grippe (flu en anglais) et l’a surnommé flurona. Certains médias américains et internationaux se sont ensuite emparés de ce terme, qui pourrait semer la confusion parmi la population d’après les experts interrogés pour cet article. « On ne fait pas face à un nouveau virus ou à une nouvelle maladie », insiste Nathalie Grandvaux, chercheuse et directrice du Laboratoire de recherche sur la réponse de l’hôte aux infections virales du Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM).

Le risque réel d’être infecté en même temps par deux virus respiratoires existe. Cependant, il est minime dans le contexte pandémique où la distanciation sociale et le port du masque sont la norme.

Quand un virus en chasse un autre

Avant que le SRAS-CoV-2 prenne toute la place autour de la planète, des chercheurs avaient eu l’occasion d’examiner ce qui se passe lorsque des virus respiratoires différents se font compétition pour envahir un organisme. Bien souvent, l’un des deux l’emporte, à en croire deux études, l’une publiée dans Eurosurveillance et l’autre dans Clinical Microbiology and Infection. Elles révèlent que la présence du rhinovirus (qui cause le rhume) pourrait avoir retardé l’arrivée de la grippe A (H1N1) en Europe ou même l’avoir freinée en Suède en 2009.

Il semble donc que certains types de virus « attendent » d’avoir le champ libre avant d’infecter un hôte. Cependant, les études scientifiques sur la dynamique entre différents virus sont encore insuffisantes. C’est d’ailleurs un sujet d’intérêt pour la professeure Nathalie Grandvaux. « Avant la COVID-19, on voyait des vagues de virus respiratoires. On avait le virus respiratoire syncytial et à partir d’un moment, il disparaissait pour faire place à l’influenza. Un peu comme s’ils se faisaient concurrence l’un et l’autre. »

Récepteurs différents

Le virus de la grippe (une maladie qu’on appelle aussi l’influenza) et le SRAS-CoV-2 se faufilent de façon similaire dans le corps humain pour aller se multiplier. « Ils entrent par le tractus respiratoire et ciblent les mêmes cellules. Autant le virus de l’influenza que le SRAS-CoV-2 infectent les cellules épithéliales qui sont situées dans le nez et la tranchée. Ils iront ensuite vers les poumons, les bronches et les bronchioles », explique la chercheuse du CRCHUM. Les deux virus utilisent cependant des récepteurs différents pour entrer dans les cellules épithéliales.

Louis Flamand, chercheur et directeur du Département microbiologie-infectiologie et immunologie à l’Université Laval, rappelle que les infections respiratoires provoquent souvent des symptômes similaires (nez qui coule, fatigue, fièvre, toux…) « Toutes les infections respiratoires font un peu les mêmes symptômes. Par exemple, si tu as la grippe, tu peux présenter des symptômes qui ressemblent à la COVID ou l’inverse », dit-il.

Pour l’instant, la co-infection causée par la COVID-19 et la grippe ne devrait pas être une inquiétude. Autant au Québec que dans le reste du pays, les cas de grippe sont peu nombreux.

Si le virus de la COVID-19 parvient à déjouer les barrières du système immunitaire, « les moyens de défense vont se mettre en branle et nuiront aux prochains virus qui voudraient s’introduire dans l’organisme. Normalement, la porte est plus ou moins fermée pour d’autres infections », signale Louis Flamand.

Alors qui gagne entre le SRAS-CoV-2 et ses rivaux? Selon le Dr Stephen McMullen, de la Mayo Clinic aux États-Unis, le virus de la COVID-19 a tendance à prendre le dessus. « Il existe des cas [de co-infection], mais ce n’est pas courant », souligne le médecin dans une vidéo publiée par Mayo Clinic.

 

> À lire aussi : Dette immunitaire : serons-nous davantage malades cet hiver?

Après Alpha, Delta, Omicron…

Selon les experts, les variants de la COVID-19 n’ont pas fini de surgir. « Tant que le virus circule parmi la population, on sera sujet à voir apparaître de nouveaux variants », confirme la chercheuse Nathalie Grandvaux.

C’est d’ailleurs l’un des domaines de recherche de Louis Flamand, qui est impliqué en tant que responsable du pilier virologie du Réseau de réponse rapide aux variants du coronavirus (appelé CoVaRR-Net). « On caractérise et on étudie les nouveaux variants pour comprendre leurs pathologies dans les cellules animales. » Le réseau CoVaRR-Net collabore ainsi avec les différentes santés publiques de plusieurs provinces canadiennes pour obtenir des échantillons.

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