Représentation de l’aura par Hubert Airy (1870). Dans sa forme typique, elle commence par un « scotome scintillant », une petite tache aveugle avec un bord dentelé coloré, vacillant, qui s’étend en forme de C vers un côté du champ visuel. Image: Wikimedia Commons; publicdomainreview.org/collection
Les étranges symptômes visuels qui précèdent parfois les crises de migraine inspirent les artistes et les écrivains depuis des siècles.
Lorsqu’elle avale le gâteau, Alice grandit et grossit. Lorsqu’elle boit la potion, son corps rapetisse jusqu’à devenir minuscule. Le monde lui paraît étrange, peuplé d’objets mouvants ou dédoublés. L’espace et le temps sont distordus. Ce qu’expérimente l’héroïne d’ Alice au pays des merveilles , après avoir chuté dans le terrier du lapin blanc, n’est peut-être pas étranger à son créateur, Lewis Carroll. Il aurait ressenti ce même vertige, ces mêmes hallucinations à l’occasion de crises migraineuses.
Rien de très inhabituel : ce type de signes neurologiques transitoires, qui affecte la vision, précède de quelques minutes à une heure le mal de tête chez presque un tiers des personnes souffrant de migraine, une maladie chronique qui touche environ 10 % de la population mondiale. Cet avant-goût de crise, qu’on appelle « aura », se traduit le plus souvent par des points lumineux scintillants, des zigzags brillants ou des taches floues ou aveugles. Mais des sensations anormales, des troubles langagiers ou moteurs peuvent également survenir.
Même si Lewis Carroll n’a mentionné ses migraines dans son journal que tardivement, après la rédaction de son célèbre roman en 1865, il aurait bel et bien souffert de ces auras visuelles à plusieurs reprises dans sa jeunesse.