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Des psychologues et pédiatres s’inquiètent de la santé mentale des jeunes, qui s’est détériorée ces derniers mois.
Les chiffres sont alarmants. Près d’un jeune sur deux souffrirait de symptômes liés au trouble d’anxiété généralisée ou de dépression majeure. Ces statistiques proviennent d’une enquête effectuée en ligne par des chercheurs de l’Université de Sherbrooke auprès de 16 500 jeunes de 12 à 25 ans de l’Estrie. En outre, trois fois plus de jeunes du secondaire ont rapporté «avoir une santé mentale passable ou mauvaise», comparativement aux résultats d’un sondage similaire mené en janvier 2020, avant que la pandémie ne bouscule le quotidien.
Pour Connie Scuccimarri, pédopsychologue et porte-parole de la Coalition des psychologues du réseau public québécois, ces résultats ne sont guère surprenants. Elle constate depuis plusieurs mois le mal être de nombreux jeunes. Les hospitalisations sont d’ailleurs plus fréquentes: tentatives de suicides, troubles du sommeil, troubles alimentaires…
«Ils me parlent de leur détresse à eux, mais aussi de celle de leurs amis. Ça les préoccupe beaucoup. C’est triste parce qu’on travaille avec un ado qui vit une détresse et en même temps, on essaie de voir comment ce jeune peut aider son ami», s’inquiète la pédopsychologue. «La pandémie actuelle aura des conséquences à long terme au niveau psychologique. Il y a une détresse pscychologique chez les jeunes. Et ce ne sont pas dix séances avec un psychologue qui vont tout régler», ajoute-t-elle.
Certains signaux peuvent mettre la puce à l’oreille des parents. Par exemple, s’ils se rendent compte d’un changement de comportement. «Leur motivation et leurs notes à l’école ont baissé. Ils n’ont plus le goût d’aller dehors pour prendre une marche», remarque la Dre Scuccimarri. Elle trouve donc ironique que le gouvernement suggère de bouger pour garder le moral «Quand tu es en dépression, tu n’as pas le goût de faire ces choses-là. Ce n’est pas quelque chose de simple qui va résoudre les problèmes.»
Le pédiatre Jean-François Chicoine, du CHU Sainte-Justine, constate aussi la perte de motivation et les troubles d’apprentissages chez les jeunes du primaire et du secondaire. «Il y en a beaucoup qui ont complètement lâché. C’est malheureux parce que ce sont les enfants avec des troubles d’apprentissage qui vont en arracher plus que les autres», se désole-t-il.
Le Dr Chicoine est impliqué auprès de l’Association des pédiatres pour défendre l’intérêt des enfants depuis le début de la pandémie. Il déplore tous les effets pervers sur le développement des jeunes, plus particulièrement chez les tout-petits. «Le port du masque chez les éducatrices en garderie m’inquiète, car ça ne facilite pas l’apprentissage du langage, de la communication et de l’empathie», dit le Dr Chicoine.
Si le retour en classe peut aider le moral des jeunes cégepiens et universitaires, il reste encore beaucoup de choses à régler. «On parle d’initiative comme Bell Cause pour la cause, mais ce n’est pas assez: il faut des actions significatives à long terme», prévient la Dre Scuccimarri.
Deux conseils pour les parents d’adolescents
- Favorisez la discussion avec votre ado. «Ce n’est pas toujours facile de parler avec eux. On encourage donc les parents à faire des activités avec leur jeune lorsque c’est possible», dit la Dre Scuccimarri. Ces périodes passées ensemble incarnent un terrain favorable pour amorcer le dialogue.
- N’hésitez pas à aller chercher de l’aide. «Les signaux de détresse peuvent être sévères chez certains jeunes. Ce sont parfois des symptômes qui peuvent mener à un diagnostic de trouble dépressif ou un trouble d’anxiété généralisé. Dans ce cas, des professionnels peuvent aider ces jeunes», rappelle la pédiatre.
Au besoin, consultez ces ressources:
LigneParents : www.ligneparents.com ou 1 800 361-5085
Tel Jeunes : www.teljeunes.com ou 1 800 263-2266
Mise à jour: le texte a été modifié pour remplacer le terme «détresse post-traumatique» pour «détresse psychologique».