Photo: CDC/ James Gathany
Que sait-on de BA.2, le variant qui défie Omicron? On fait le point.
Pendant que la vague d’infection à Omicron commence à s’essouffler dans certains coins du monde, son « cousin », le variant BA.2, prend de l’ampleur. Au Danemark, BA.2 serait responsable de 70% des infections dans la population. Il continue sa progression dans d’autres pays européens, tandis qu’il est sous surveillance ailleurs dans le monde.
Cette lignée virale n’est pourtant pas nouvelle. Même que les deux cousins (Omicron B.1.1.529 et ce BA.2), qui possèdent un ancêtre commun, auraient commencé à circuler à la même période. Selon une étude publiée dans Nature, BA.2 a été détecté en Afrique du Sud le 17 novembre 2021, soit quelques jours après Omicron, découvert le 8 novembre.
Chez nous, il est encore faiblement présent. Il a été détecté par séquençage génétique dans une dizaine d’échantillons au Québec et dans le reste du Canada. De façon empirique, il est aussi possible de déceler la présence des variants du SRAS-CoV-2 dans les eaux usées, comme le fait Patrick D’Aoust, étudiant au doctorat en génie de l’environnement à l’Université d’Ottawa. «On a développé et mis en œuvre des tests PCR spécifiques pour des mutations liées à certains variants. On a donc pu suivre le variant Alpha, Delta et Omicron. Pour BA.2, il faut regarder à deux endroits différents sur le génome pour l’identifier. On est alors capable de déterminer la proportion d’Omicron et de BA.2 dans les échantillons d’eaux usées.»
Jusqu’à présent, dans les eaux usées d’Ottawa, le BA.2 est détecté en faible proportion; il ne semble pas se répandre aussi rapidement qu’Omicron parmi la population. « On avait observé une chute extrêmement rapide du variant Delta à l’arrivée d’Omicron. Ça s’était passé en moins de 10 jours », indique Patrick D’Aoust.
En quoi BA.2 est-il différent d’Omicron?
Certains scientifiques estiment que BA.2 serait 30% plus contagieux qu’Omicron. Cela reste cependant à vérifier dans le cadre d’études. Les chercheurs à travers le monde s’affairent également à mieux comprendre la virulence et la contagiosité de BA.2. D’après les données rassemblées à ce jour, en termes de sévérité de la maladie, Omicron et BA.2 seraient similaires.
D’après l’Organisation mondiale de la santé, BA.2 diffère d’Omicron « par certaines mutations, notamment dans la protéine S [la fameuse protéine spike]. »
Certains experts ont qualifié le variant BA.2 de « furtif », c’est-à-dire qu’il échappe aux tests PCR en raison de l’absence d’une mutation en particulier. Dans le cas de BA.2, il faut procéder au séquençage génétique pour l’identifier.
Pour l’instant, selon des données préliminaires du Royaume-Uni, le vaccin pourrait avoir la même efficacité contre Omicron que contre BA.2.
Le médecin Marty Teltscher, spécialiste des maladies infectieuses et de la microbiologie médicale à l’Hôpital général juif de Montréal, ne s’inquiète pas pour l’instant de la venue de BA.2. « À moins qu’il ne devienne un variant préoccupant, BA.2 n’est qu’une fascination moléculaire et une autre variation génétique de plus du virus. Il ne devient pas important tant qu’il n’a pas un impact clinique quelconque. Cela reste donc à voir », souligne-t-il.