Illustration: Sébastien Thibault
Le syndrome de la fatigue chronique, une maladie imaginaire ? C’est ce qu’on a trop longtemps affirmé au sujet cet état réellement débilitant. Aujourd’hui, de nouvelles études et des patients combatifs commencent à changer la donne.
«Vous allez savoir ce que c’est d’être un homme de 80 ans! » Lâchée par son médecin pendant une consultation, cette toute petite phrase a changé la vie de Benoît-Marc Boyer. À 37 ans, le prêtre et avocat travaillait sans relâche. C’était dans une autre vie : « Je me suis couché un soir et le lendemain je me suis réveillé vidé. Ça m’a frappé “comme une tonne de briques”. Je devais m’appuyer aux murs pour me déplacer. » Les prises de sang et les tests ne donnent pourtant aucun résultat. Bien qu’il ait recouvré, depuis, un certain degré d’autonomie, il combat un état d’épuisement perpétuel qui l’accompagne encore, 14 ans plus tard.
Pour Claudine Prud’homme, la maladie a débuté de façon plus graduelle. « Ça s’est déclenché avec un mal de gorge, à l’automne 2007, raconte la vétérinaire, mère de deux enfants. On venait de vivre une période très stressante. J’ai continué mon travail à temps partiel, mais mes dernières consultations étaient impossibles à faire. J’écrivais tout, car je ne me rappelais de rien.