L’hypocondrie: une souffrance bien réelle
Illustration: Sébastien Thibault
« Ils ont souvent la croyance que cela signifie de n’avoir jamais de “symptômes” : jamais de crampes, de sensations cardiaques, de douleurs au ventre, aux côtes ou à la tête… », explique la D re Judith Brouillette, médecin psychiatre à l’Institut de cardiologie de Montréal.
Dès qu’ils perçoivent la moindre sensation inhabituelle, les voilà pris dans l’engrenage : comme ils soupçonnent un problème, ils portent une attention disproportionnée à leur corps, ce qui leur fait remarquer encore plus d’anomalies, autant de preuves qu’ils ont assurément quelque chose de grave. « L’élément déclencheur de l’inquiétude n’est pas imaginaire : la perception d’un signal du corps est réelle, mais c’est son interprétation qui est problématique », poursuit la D re Brouillette.
Cela vous rappelle des inquiétudes vécues pendant le confinement ? Nous aussi ! Une étude britannique publiée dans la revue savante American Psychologist a d’ailleurs montré que, au cours du mois d’avril, 15 % des 842 personnes sondées en ligne répondaient aux critères menant à un diagnostic d’anxiété liée à la santé qui pourrait prendre différentes formes, dont l’hypocondrie si le trouble persiste dans le temps. Pas de panique, estiment les experts. « Pour certains qui avaient déjà des tendances hypocondriaques, mais chez qui ce n’était peut-être pas assez marqué pour qu’on pose un diagnostic, il se peut que la pandémie soit un déclencheur.