Legionella pneumophila. Wikicommons/Centers for Disease Control and Prevention’s Public Health Image Library (PHIL),
En période de canicule, la climatisation est essentielle, notamment dans les hôpitaux, les CHSLD ou les centres commerciaux. Pourtant, les systèmes de climatisation et de distribution d’eau peuvent poser un risque de légionellose, une maladie pulmonaire grave.
En août dernier, une épidémie de légionellose dans le quartier de Harlem, à New York, a causé la mort de sept personnes. Au total, 114 cas ont été confirmés, dont 90 hospitalisés. Simultanément, à London, en Ontario, la bactérie tuait 4 personnes et en envoyait 90 à l’hôpital.
En cause : des systèmes de climatisation d’immeubles, dans laquelle la bactérie se développe.
Qu’est-ce que la légionellose ?
C’est une infection des poumons potentiellement mortelle, causée par la bactérie Legionella pneumophila, qui se transmet par l’inhalation de fines gouttelettes d’eau contaminée.
La bactérie, qui est présente dans le sol et les milieux aquatiques, prolifère dans les réseaux d’eau chaude, les spas et certains systèmes d’air climatisé. Les tours de refroidissement à eau, en particulier, sont des sources fréquentes de prolifération, comme l’explique la Dre Caroline Huot, médecin en santé environnementale à l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ).
Ces tours permettent d’évacuer la chaleur issue des systèmes de climatisation, en faisant circuler de l’eau chaude en gouttelettes dans un flux d’air.
« Ces tours situées sur les toits projettent des aérosols qui peuvent être inhalés par les personnes qui circulent autour du bâtiment », explique Caroline Huot.
Elle précise que certaines personnes présentent un risque accru de contracter la légionellose, notamment celles atteintes de diabète et autres maladies chroniques, de pathologies cardiaques ou de cancer.
Le taux de mortalité de la légionellose se situe entre 5 et 10%, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), mais il peut grimper à 40-80% pour les personnes immunodéprimées.
Les changements climatiques augmentent les risques
Depuis 20 ans, le nombre de cas de légionellose est en augmentation. Outre la surveillance accrue et les meilleurs diagnostics, cette hausse s’explique en partie par le recours de plus en plus généralisé à la climatisation, pendant de plus longues périodes.
Une étude du Centre de collaboration nationale en santé environnementale (CCNSE) parue en 2022 met en lumière un lien étroit entre la hausse des cas de légionellose et la fréquence accrue des épisodes de chaleur extrême. L’organisme avertit aussi sur les risques liés aux solutions de rafraîchissement extérieures, comme les zones de brumisation, les aires de jeux d’eau et les piscines dans les villes en été.
Un entretien plus strict
En 2012, la ville de Québec avait elle aussi recensé 181 personnes malades (dont 13 décès). Suite à cela, une réglementation de la Régie du bâtiment avait été mise en place en 2014 afin d’obliger les propriétaires de tours de refroidissement à élaborer un plan d’entretien avec des compagnies expertes. Celui-ci doit notamment inclure le nettoyage, la désinfection et des prélèvements d’eau mensuels pour la détection de la bactérie.
La compagnie Nortek Air Solutions, par exemple, conçoit des systèmes modulaires de traitement de l’air pour les grands bâtiments. Elle propose plusieurs solutions afin de minimiser les risques de pathogènes, comme l’explique l’un de ses ingénieurs, Lucas Chavanel-Precloux. Entre autres : une filtration avancée pour éliminer les poussières et particules polluantes, des systèmes étanches mais aussi des unités lavables afin d’éviter l’accumulation d’eau stagnante, où se développe la légionellose.
« On utilise de plus en plus la lampe UV dans les endroits très critiques, notamment dans les hôpitaux ou les laboratoires pharmaceutiques. Elle émet des rayons UV qui tuent les bactéries dans l’air », ajoute-t-il, précisant qu’il y a eu une prise de conscience sur ces questions depuis la COVID-19.
Pour des conseils d’entretien des appareils domestiques, consultez cette page.
