Pourquoi est-il aussi difficile de comprendre la science quand vient le temps de décider du contenu de son assiette?
C’est comme si, d’un coup, tout pouvait changer. La viande rouge rime avec cancer, puis elle redevient un aliment comme un autre. Les bleuets passent du statut de petits fruits à celui de superaliments. Les œufs, auparavant source de protéines, se mutent en un grave facteur de risque pour les maladies cardiovasculaires. L’endive, une simple feuille, est déclarée solution miracle dans la lutte contre le cancer de l’ovaire.
La confusion et la surenchère semblent régner dans la recherche en nutrition. Le chocolat, le café et le vin occupent l’espace médiatique − surtout quand on affirme qu’ils nous donnent un coup de pouce dans la prise en charge de notre santé − pendant que de bizarroïdes régimes alimentaires se répandent comme des traînées de poudre. À mauvais escient ou par inadvertance, la science de la nutrition est instrumentalisée, ridiculisée, déformée, filtrée et remâchée.
Les consommateurs ne savent plus où donner de la tête devant cette cacophonie apparente. Car il est effectivement question d’une apparence de mésentente entre les chercheurs. Derrière le chaos visible, les nutritionnistes estiment que la qualité de la recherche ne laisse généralement pas à désirer.
C’est plutôt la manière dont on sert au public ce grand buffet de la science nutritionnelle qui provoque l’indigestion.