Organes recherchés
Illustration: Isabelle Arsenault
Au Québec, près de 1300 personnes attendent un rein, un cœur, un foie, un poumon ou un pancréas. À peine le tiers d’entre elles seront opérées dans l’année, et 50 mourront après avoir patienté en vain. Pourtant, 90% des Québécois se disent prêts à donner leurs organes après leur mort. Qu’est-ce qui cloche?
Il s’appelait Marc-André Gohier-Desmarais. Il avait 24 ans. Il était beau, il était fort, aimé de tous. «Du genre à faire 100 km en plein milieu de la nuit pour venir en aide à un ami en difficulté», raconte sa mère, Danielle Gohier, les joues striées de longues coulées de mascara noir.
Attablée dans un Tim Hortons de Laval, en banlieue de Montréal, la digne dame avoue qu’elle ne s’en remet pas: «Cela a fait 17 mois hier, mais c’est encore très dur.» La mort de Marc-André ressemble à une de ces tragiques publicités de la Commission de la santé et de la sécurité du travail. Par un matin venteux, en plein mois de décembre, le jeune menuisier commence sa journée à Saint-Adolphe-d’Howard, dans les Laurentides, où il travaille à la construction d’un chalet qui surplombera le lac Sainte-Marie. C’est aujourd’hui qu’on monte les murs.
Un énorme crochet de métal fixé à un câble tendu à l’extrême, un treuil, quelques ouvriers qui manœuvrent à l’ombre du couvert forestier.