Maman anxieuse, maman toxique? Il semble bien que oui, et ce, même avant la naissance de bébé.
La fameuse «crise du verglas» qui a plongé le Québec dans le noir, à l’hiver 1998, a servi de laboratoire à certains chercheurs soucieux d’étudier les effets d’un tel stress sur les femmes enceintes et sur leurs rejetons.
Suzanne King, directrice de la Division de recherche psychosociale à l’Institut Douglas, à Montréal, suit depuis 12 ans une centaine de familles de la Montérégie, la région la plus touchée par cette grande noirceur. Selon elle, le stress vécu par la future mère aurait favorisé l’apparition de divers déficits chez les enfants: un QI moins élevé, un comportement plus agressif, un vocabulaire un peu moins élaboré, plus de dépression et d’anxiété aussi, surtout chez les bébés portés par les mères les plus déstabilisées par le chaos ambiant.
Suzanne King tient toutefois à préciser que ces troubles sont la plupart du temps compensés par un environnement adéquat: «Les familles qui participaient à l’étude appartenaient presque toutes à des milieux favorisés, et ces enfants réussissent généralement bien à l’école. N’empêche que le stress prénatal peut justifier par exemple pourquoi un élève obtient des B+ plutôt que des A+.»
Son explication: «Pendant la période de stress, le corps de la maman produit trop de cortisol et cette surcharge se transmet à l’embryon.»